Rocca di Papa, 23 mai 2025 — La 22ᵉ Assemblée Générale de la Société des Missions Africaines (SMA) a vécu ce vendredi une journée dense, placée sous le signe de l’écoute attentive, du discernement communautaire et d’un dialogue enraciné dans les réalités missionnaires régionales. Alors que l’approbation du procès-verbal de la veille était initialement prévue en ouverture, cette formalité a été reportée pour permettre aux délégués de poursuivre leur immersion dans les grands axes qui façonneront l’avenir de la Société.
Écouter pour mieux discerner
Le point central de la journée fut l’étude approfondie de la synthèse du questionnaire préparatoire envoyé aux membres de la SMA à travers le monde. Fruit de plusieurs mois de consultations avec confrères, collaborateurs et amis de la mission, ce document reflète les aspirations, les inquiétudes et les convictions d’une Société en quête de fidélité à son charisme dans un monde en mutation.
Fait notable : les échanges ont eu lieu en groupes régionaux, permettant de contextualiser les réflexions à la lumière des défis locaux. Cette dynamique a donné lieu à une grande richesse de perspectives, tout en permettant une appropriation plus incarnée des thèmes abordés.
Mission : une identité à redéfinir
Parmi les quatre axes traités — mission, spiritualité et style de vie, formation et structures de gouvernance — c’est la mission qui a dominé les débats. Mentionnée plus de 400 fois dans les réponses analysées, elle suscite une vive introspection. Quelle est aujourd’hui la spécificité de la SMA en tant que société missionnaire ? Qui sont les « plus abandonnés » auxquels nous sommes envoyés ? La tension entre fidélité à la première Évangélisation et adaptation aux nouvelles réalités est palpable.
Les échanges ont également mis en lumière le besoin de clarifier l’articulation entre missio ad gentes et missio inter gentes, en réaffirmant la vocation fondatrice de la SMA : contribuer à l’édification des Églises locales, sans entrer en concurrence avec elles.
Spiritualité : une source à redécouvrir
L’appel de Mgr Marion de Brésillac à être « missionnaire de tout son cœur » continue de résonner. L’internationalité, la vie communautaire et la simplicité sont perçues comme des trésors spirituels à cultiver davantage.
Des avancées notables ont été soulignées dans la protection des personnes vulnérables et la collaboration avec la « famille spirituelle de Brésillac », terme préféré par certains membres pour désigner la famille charismatique élargie.
Formation : approfondir les fondements
La formation initiale, harmonisée à travers la Société, et notamment le rôle de l’Année Spirituelle, a été saluée. Toutefois, des voix insistent sur l’importance d’un accompagnement personnalisé, pendant et après la formation, pour assurer une croissance intégrale des futurs missionnaires. L’enracinement dans l’humilité, la simplicité et l’engagement envers la première Évangélisation reste un défi à relever.
Une ambiance de réflexion… et d’espérance
L’ambiance générale de l’Assemblée demeure sereine et constructive. Le procès-verbal repoussé en matinée a finalement été adopté après quelques ajustements. Dans les groupes comme en plénière, un réel effort de discernement collectif s’exerce, à la recherche d’une vision commune pour les décennies à venir.
Certaines interventions, plus légères mais tout aussi marquantes, ont contribué à maintenir l’assemblée en éveil. L’animatrice de la session, Sœur Tiziana Merlleti, récemment nommée à un poste de responsabilité au sein d’un dicastère, a marqué les esprits par son énergie. Gymnastique en musique, animation dynamique et esprit fraternel : elle a su réveiller les esprits assoupis de l’après-midi.
Vers la récollection : une pause pour le cœur
Demain, samedi, sera une journée de récollection, moment spirituel fort placé, de manière volontaire, après les premières sessions de travail. Cette pause vise à intérioriser les réalités entendues et à s’ouvrir au souffle de l’Esprit avant d’élaborer les orientations à venir. Dimanche, jour du Seigneur, sera un temps de repos. Les travaux reprendront lundi autour des groupes thématiques sur les priorités futures.
Comme l’a rappelé Emili Turu, l’un des animateurs : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant… ? » La référence aux disciples d’Emmaüs résonne comme un écho à la démarche synodale vécue ces derniers jours : écouter, discerner, marcher ensemble.
La question désormais est claire : Quelle SMA voulons-nous être dans 6, 10 ou 30 ans ?
Par Dominic Wabwireh
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