Rapport du Supérieur Général et de son conseil à la 22ème Assemblée Générale de la SMA

Avatar de Dominic Wabwireh

From left to right Fr. Francis Rozario, Fr. Antonio Porcellato, Fr. François de Paul Houngue and Fr. Krzystof Pachut, during the Superior General and General Council's report to the 22nd SMA General Assembly at Rocca di Papa, Rome May 21, 2025.

Rocca di Papa, 21 mai 2025 –

En ce quatrième jour de la 22e Assemblée générale de la Société des Missions Africaines (SMA), les délégués réunis à Rocca di Papa ont assisté à un moment-clé : la présentation du rapport du Supérieur général et de son Conseil. Bien plus qu’un bilan, ce document dense et stratégique trace une feuille de route ambitieuse pour l’avenir de la Société, dans un monde en mutation rapide.

Un temps d’action de grâce et de transition

Le Supérieur général, le père Antonio Porcellato, en fin de mandat, a ouvert la session en exprimant une profonde reconnaissance envers ses collaborateurs – les pères François de Paul Houngue, Francis Rozario et Krzysztof Pachut – ainsi qu’aux équipes dirigeantes des provinces, districts et délégations. « La Société n’est plus celle d’il y a 50 ans – ni même celle d’il y a 12 ans », a-t-il souligné.

Les chiffres confirment cette transformation : plus de 70 % des 370 séminaristes de la SMA sont désormais Africains, et la majorité des missionnaires actifs vient du continent africain. Une évolution majeure qui consacre le passage d’une Société historiquement européenne à une famille missionnaire internationale, profondément enracinée en Afrique.

De l’Afrique comme terre de mission à l’Afrique missionnaire

Le père Antonio a mis en lumière un changement décisif dans la manière dont la SMA envisage l’Afrique : non plus uniquement comme destination de mission, mais de plus en plus comme source de mission. Aujourd’hui, 22 % des 508 missionnaires SMA actifs œuvrent dans des zones de première évangélisation, principalement dans 12 pays africains. Près de 45 % sont engagés dans des paroisses urbaines ou des projets spécialisés, tandis que les autres sont impliqués dans la formation, l’administration ou des responsabilités de direction.

Il a également évoqué les demandes croissantes de mission venant de pays comme le Tchad ou la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Le Supérieur général a précisé que la SMA n’envisage pas d’y établir une présence permanente, mais d’apporter un appui ponctuel et solidaire aux Églises locales, selon une approche souple et transitoire. Une orientation dictée à la fois par l’esprit de coopération et la réalité de ressources humaines limitées. Répondre à ces appels nécessitera une planification stratégique et, peut-être, la révision ou la fermeture de certaines missions établies de longue date dans des zones plus favorisées.

Affirmer une identité globale malgré les défis structurels

L’Assemblée a réexaminé la réforme de 2019 qui avait abouti à la création de 10 provinces et 8 districts, dans un souci de décentralisation et de responsabilité locale. Si des avancées sont notables, certaines entités demeurent fragiles, confrontées à des difficultés de personnel, à l’instabilité politique ou à des contraintes financières. Le cas du district du Kenya, qui souhaite devenir une province à part entière, illustre les questions d’interdépendance et de mécanismes de financement partagés que l’Assemblée devra trancher.

La formation, enjeu de l’Église de demain

Le père François de Paul Houngue a présenté un rapport détaillé sur la formation initiale, pilier fondamental de l’avenir missionnaire. Aujourd’hui, la SMA dispose de 11 maisons de formation. Le coût moyen d’un parcours de 10 ans s’élève à 35 000 € par séminariste. Face à l’augmentation constante des vocations, notamment en Afrique de l’Ouest, de nouveaux projets voient le jour : une maison de philosophie en Tanzanie et un deuxième Centre de l’Année spirituelle en Zambie, financé grâce à la vente de la maison SMA de Manille (Philippines).

Le père Francis Rozario a, quant à lui, mis en lumière les progrès de la formation continue. Il a salué les 10 années du programme intercongrégationnel ICOF (Inter-Congregational Ongoing Formation), qui a enrichi la vie spirituelle et pastorale de 40 missionnaires SMA jusqu’à présent.

Justice, paix et engagement institutionnel

Le père Krzysztof Pachut a exposé le travail de la SMA dans le domaine de la justice et de la paix, ainsi que sa collaboration avec les Sœurs NDA. Tout en saluant les progrès accomplis, il a pointé l’absence d’un bureau centralisé dédié au plaidoyer social. Il a lancé un appel fort pour un soutien institutionnel plus affirmé à ces ministères essentiels.

Gouvernance et avenir constitutionnel

L’Assemblée a également rouvert le dossier sensible de la réforme constitutionnelle. Bien que les modifications décidées en 2019 aient été intégrées aux textes de gouvernance, une commission dirigée par le père Rozario recommande d’aller plus loin, en séparant clairement les Constitutions des Lois lors du prochain mandat.

Un esprit de discernement collectif

La journée s’est conclue par des discussions en petits groupes, invitant les délégués à réfléchir aux implications du rapport du Conseil : viabilité des structures, renforcement de la formation, expansion missionnaire, gouvernance. Le climat est marqué par une volonté forte de discernement communautaire et de responsabilité partagée.

Espérance et fidélité à l’appel missionnaire

Malgré les défis, l’Assemblée avance avec espérance, dans la fidélité au charisme fondateur de la SMA. Le père Antonio a rappelé : « Notre première vocation, c’est d’annoncer le Royaume – comme Brésillac, qui a tout quitté pour l’Évangile. »

Alors que les travaux se poursuivent, les délégués tournent leur regard non seulement vers les plans et les structures, mais surtout vers le type de présence missionnaire que la SMA est appelée à incarner dans le monde d’aujourd’hui.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *