3e Jour de la 22e Assemblée Générale de la sma : évangéliser l’Afrique et le monde

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Delegates listening to the panellists du ring a presentation about the situation of the church in Africa on day 3 of the SMA General Assembly on May 20, 2025, at Rocca di Papa, Rome.

Rocca di Papa, 20 mai 2025

Lors du troisième jour de la 22e Assemblée Générale de la Société des Missions Africaines (SMA), les délégués ont abordé un thème essentiel : l’évangélisation en, avec et à partir de l’Afrique. La journée a offert une réflexion riche sur le double rôle du continent africain, à la fois terre de mission et force missionnaire. Elle s’est conclue par une étape clé dans le processus de travail : l’approbation officielle du manuel de travail de l’Assemblée, document de référence qui guidera les délibérations à venir, notamment la présentation du Conseil Général prévue le lendemain.

À Rocca di Papa, la journée a été marquée par un temps frais et pluvieux, incitant plusieurs participants à enfiler des vêtements plus chauds. Malgré la pluie intermittente, certains en ont profité pour prendre l’air lors d’une promenade.

La matinée s’est ouverte par une méditation sur Fratelli Tutti (n° 70), centrée sur la parabole du Bon Samaritain. Cette réflexion a invité les participants à incarner la compassion du Samaritain contemporain, en se faisant proches des blessés de notre monde – qu’ils soient victimes de la pauvreté, des conflits ou de l’abandon – et à redécouvrir la mission de l’Église comme une œuvre de miséricorde et de proximité.

Un panel diversifié a ensuite mis en lumière la richesse et la complexité de l’évangélisation à travers le continent africain. Des intervenants venus d’Afrique centrale, d’Afrique de l’Est et du Libéria ont présenté les opportunités et les défis propres à leurs régions. En République Démocratique du Congo, au Cameroun ou en République Centrafricaine, l’Église bénéficie d’une population jeune, de la liberté religieuse et d’une forte implication dans les domaines de l’éducation et de la santé. Toutefois, elle doit aussi composer avec l’instabilité politique, la pénurie de prêtres et une concurrence religieuse accrue, notamment face aux Églises pentecôtistes.

Au Libéria, où les catholiques représentent une petite minorité, l’Église poursuit son engagement crucial dans le dialogue interreligieux et la réconciliation post-conflit. En Afrique de l’Est, la vitalité des petites communautés chrétiennes de base renforce la foi locale, même si des tensions ethniques et des formes d’extrémisme religieux islamiste subsistent.

Malgré des contextes différents, plusieurs obstacles communs ont été relevés : manque de ressources, complexité culturelle, syncrétisme religieux et effets croissants du changement climatique. Un constat particulièrement frappant a été partagé à propos du Ghana, où la population catholique est passée de 15 % en 2000 à seulement 10 % aujourd’hui, une baisse attribuée à un éloignement perçu de l’Église face aux réalités sociales du pays.

L’après-midi a été consacrée à la mission à partir de l’Afrique vers le reste du monde. Quatre missionnaires ont partagé leurs expériences en Europe et en Amérique du Nord, où des prêtres africains de la SMA œuvrent désormais dans des paroisses marquées par la migration, la diversité culturelle et la sécularisation. En France, plus de 7 000 baptêmes d’adultes ont été célébrés à Pâques cette année. Au Royaume-Uni et en Espagne, les missionnaires SMA accompagnent à la fois des communautés de la diaspora et des paroisses locales, souvent dans des cadres œcuméniques. Néanmoins, des défis demeurent, notamment en matière d’adaptation culturelle, de respect des normes de protection et de baisse de la pratique religieuse depuis la pandémie de COVID-19.

Des échanges ont suivi sur la signification de l’expression « mission à partir de l’Afrique », parfois perçue comme exclusive. Les délégués ont clarifié que tous les membres de la SMA, quelle que soit leur nationalité, sont marqués par l’Afrique – par leur naissance, leur formation ou leur service missionnaire. Ainsi, l’Afrique n’est pas seulement un point de départ, mais bien un horizon commun à l’identité globale de la Société.

Des groupes de travail se sont ensuite réunis pour tracer des pistes de conversion missionnaire plus profonde. Leurs propositions incluent : passer d’un modèle sacramentel à un modèle pastoral de proximité ; dialoguer avec les religions traditionnelles africaines et l’islam dans le respect mutuel ; favoriser l’inculturation liturgique ; renforcer la formation des jeunes et la responsabilité des laïcs ; et s’engager concrètement contre les injustices systémiques liées à la pauvreté, à la corruption et aux crises écologiques. La collaboration avec les communautés de la diaspora a également été soulignée comme essentielle au renouveau de l’Église universelle.

La journée s’est conclue par une célébration eucharistique à la mémoire du Frère Lucien Mathieu, dont la vie missionnaire, humble et fidèle, a été honorée comme un témoignage vivant de la mission évoquée tout au long de la journée – enracinée dans l’humilité, animée par la foi et tournée vers le service des autres.

Avec l’approbation du manuel de travail, l’Assemblée est désormais pleinement engagée dans sa phase décisive. Ce troisième jour a confirmé une vérité essentielle : le rôle de l’Afrique dans l’Église ne fait pas que s’affirmer – il est devenu incontournable. Des villages les plus isolés aux grandes métropoles, l’Afrique évangélise, dynamise et appelle l’Église à une mission plus profonde, plus ouverte et plus incarnée.

Par Dominic Wabwireh

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