Cet été, le Père Bonaventure Lahafia Koné, prêtre de la Société des Missions Africaines (SMA), a vécu une expérience unique en France. Pour la première fois, il a passé une saison estivale au service d’une paroisse rurale, dans les campagnes de Charlieu à Roanne. À son arrivée, il a rapidement constaté que, malgré les différences culturelles, son expérience missionnaire antérieure en Côte d’Ivoire et au Nigeria l’avait bien préparé à s’adapter à son nouvel environnement. Le contexte rural de cette paroisse française n’était pas très différent des villages du nord de la Côte d’Ivoire, où il exerce actuellement son ministère.
« Le champ pastoral cet été dans les campagnes de Charlieu à Roanne ne présentait pas une grande différence avec ma mission dans les villages du nord de la Côte d’Ivoire, » explique le Père Bonaventure. « Quant au temps passé à Bandol, il me rappelle les expériences vécues en Égypte et à Adjamé. » Le Père Bonaventure souligne que son passage en France cet été a été marqué par des ajustements principalement liturgiques, notamment lors des funérailles et des mariages. Il s’est adapté aux coutumes locales et a su apporter des messages adaptés à la culture française, tout en restant fidèle à sa mission d’évangélisation.
Une de ses réflexions principales sur cette expérience est la similarité dans les défis pastoraux rencontrés, bien que les approches varient d’un pays à l’autre. « La nouveauté à souligner était juste au niveau de l’auditoire, les habitudes, la culture et la délicatesse dans le message à véhiculer, » ajoute-t-il.
De la Côte d’Ivoire à la Société des Missions Africaines
« Je suis le Père Bonaventure Lahafia Koné, prêtre de la Société des Missions Africaines (SMA). » C’est ainsi que commence le récit de ce missionnaire au parcours exceptionnel. Né le 25 décembre 1983 à Vavoua, en Côte d’Ivoire, dans une famille musulmane, sa découverte du christianisme s’amorce dès l’enfance. Il rencontre pour la première fois Jésus Christ à l’école primaire, grâce aux religieuses de la Congrégation Sainte Claire, qui enseignaient le catéchisme aux enfants les mercredis après-midi.
« C’est à l’école primaire, pendant les mercredis, que commence ma découverte de Jésus Christ et de l’Église, à travers les religieuses de la Congrégation Sainte Claire, » raconte-t-il. En entrant au collège, éloigné de son milieu familial, Bonaventure prend la décision courageuse de devenir chrétien et de se faire baptiser. Après plusieurs années de préparation au sein de la paroisse Sacré-Cœur de Vavoua, il reçoit le sacrement du baptême le 9 mai 2002. Rapidement engagé au sein de la communauté chrétienne, il devient responsable des jeunes de la paroisse et commence à discerner sa vocation.
Un long chemin vers la prêtrise
Bien que devenir chrétien fût une étape importante pour lui, l’idée de devenir prêtre ne lui semblait pas évidente au départ. « Devenir chrétien était un grand pas largement suffisant pour moi, mais devenir prêtre en était un de trop qui n’avait jamais effleuré mon esprit, » confie le Père Bonaventure. Il a fallu plusieurs années de discernement, de prière et de conseils de ses mentors pour qu’il se décide à franchir le pas. Après avoir obtenu son baccalauréat en 2004, il laisse derrière lui les opportunités professionnelles proposées par ses frères et entre au Séminaire propédeutique Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, à Issia.
C’est au cours de cette formation qu’il découvre la Société des Missions Africaines, sous la direction des Pères Paul Pageaud et feu Mario Boffa. Fasciné par leur style de vie missionnaire, il choisit de rejoindre la SMA, et en 2005, il est officiellement admis comme candidat pour continuer sa formation au Grand Séminaire. « Sous les directives des pères Paul Pageaud et feu Mario Boffa, tous deux prêtres des Missions Africaines et formateurs au séminaire propédeutique d’Issia, je découvre dans quelques revues le style de vie de plusieurs communautés apostoliques. J’opte pour la Société des Missions Africaines (SMA) dont le style de vie me convenait fort bien, » se souvient-il.
Une vocation missionnaire internationale
Le parcours missionnaire de Bonaventure l’a mené bien au-delà de la Côte d’Ivoire. Après sa formation en philosophie à l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest à Abidjan, il part pour une année spirituelle à Calavi au Bénin en 2009. Par la suite, il est envoyé en Égypte, où il travaille auprès des migrants et des enfants en situation de handicap. Cette période, marquée par l’apprentissage de l’arabe et le dialogue interreligieux, le façonne profondément. « J’ai trouvé enthousiasme et joie à aider et à être disponible pour ces jeunes qui ont toujours besoin de présence et d’assurance, » témoigne le Père Bonaventure.
Ordonné prêtre en 2014 à Abidjan, il est ensuite envoyé au Nigeria, où il sert comme vicaire dans différentes paroisses, avant de revenir en Côte d’Ivoire en 2018. « De 2014 à 2018, je fus chargé de la pastorale des jeunes et des enfants ainsi que de l’organisation des communautés ecclésiales de base (CEB) au Nigeria. »
Un engagement au service de la mission
Aujourd’hui, le Père Bonaventure est curé de la paroisse Saint Pierre de Tioro, une mission de première évangélisation dans le nord de la Côte d’Ivoire. Cette mission, qui répond pleinement au charisme de la SMA, vise à bâtir les premières communautés chrétiennes parmi les populations les plus vulnérables et à former le clergé local. « Curé de paroisse depuis 2020 jusqu’à ce jour, la mission à Tioro est une mission rurale de première évangélisation, » explique-t-il.
Tout au long de son parcours missionnaire, trois éléments l’ont particulièrement marqué : la fidélité de Dieu, la joie d’apporter l’espérance aux autres, et les défis croissants de la pastorale moderne. « Depuis mon aventure avec le Christ du diocèse à la SMA, et mes expériences pastorales, de l’Égypte à la Côte d’Ivoire en passant par le Nigeria, et durant cet été en France, trois éléments retiennent mon attention : la fidélité de Dieu qui guide son Église et ceux qu’Il envoie, la joie que procure d’être porteur d’espérance pour les personnes que je rencontre et enfin les défis plus croissants et multiformes de la pastorale aujourd’hui. »
Réflexions et perspectives
Son séjour en France cet été lui a également permis de prendre du recul sur l’Église en Europe. « En guise de suggestion, n’eût été la difficulté à regrouper tous les agents pastoraux du service d’été, l’opportunité serait idéale voire propice pour faire une conférence sur l’Église en France : son évolution, ses défis et les perspectives pour garder la foi active malgré les vents et marées de la laïcité et du relativisme, » propose-t-il.
Une formation plus approfondie des agents pastoraux pourrait également rendre leur travail plus efficace dans les paroisses. « Une présentation de l’Église de façon générale en France aux agents du service d’été, suivie d’échanges d’idées et d’expériences seraient aussi utiles pour orienter et rendre efficace les agents sur les paroisses. »
Le Père Bonaventure Lahafia Koné continue d’incarner l’esprit missionnaire de la SMA, en apportant son dynamisme, sa foi et son engagement aux communautés qu’il sert, que ce soit en Afrique ou en Europe.
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