Hommage à Père Pierre Jaboulay : Une vie de foi et de mission

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Tribute to Fr. Jaboulay Pierre

Le jeudi 25 juillet, le père Pierre Jaboulay, SMA, a été inhumé au cimetière des Missions Africaines à Montferrier. La messe des funérailles, présidée par Mgr. Michel Cartateguy, ancien archevêque de Niamey, a réuni des membres de sa famille, la famille spirituelle SMA et des employés de la maison de retraite où résidait Père Jaboulay. Cette cérémonie simple mais solennelle a été marquée par des souvenirs touchants partagés par le célébrant et les proches du défunt.

Avant sa mort, Pierre Jaboulay avait laissé une note précisant ses souhaits pour ses funérailles. « Je reprends à mon compte ce que me disait un jour un confrère en Afrique, sous forme humoristique : « Ne dites rien sur moi. Si vous voulez dire du bien, il y aura forcément beaucoup de mensonges, et si vous voulez dire du mal, ce sera trop long ». Ce que je tiens à dire : c’est un grand merci à Dieu pour toutes les joies qu’il m’a données de connaître dans la vie : Merci au Seigneur, pour l’Espérance qu’il a semée en nos cœurs. Que la cérémonie soit l’occasion de prier bien fort pour tous ceux qui souffrent et qui n’ont pas l’Espérance dans le cœur. Je demande pardon de ne pas avoir assez aimé. Merci à vous tous pour votre aide et de m’avoir supporté. Un immense merci à tout le personnel de la maison. Oui mille mercis. Ce n’est qu’un au revoir. Gloire à Dieu. »

Dans son homélie, Mgr. Michel Cartateguy a évoqué avec émotion les 61 ans de vie sacerdotale de Père Jaboulay, un missionnaire inspiré par les sentiments de Saint Paul. « La première lecture traduit les sentiments missionnaires de St Paul. Je fais le lien avec ceux de notre frère Pierre qui les a manifestés au cours de ces 61 ans de vie sacerdotale, en Afrique comme en France », a-t-il dit.

L’archevêque a souligné la fragilité humaine et la force intérieure du Père Jaboulay. « Pour Paul, le missionnaire est un vase d’argile, vase fragile. Il fait l’expérience de sa fragilité au quotidien de sa vie. Souvent incompris, il continue sa mission avec courage et persévérance parce qu’il croit fermement que la Parole qui l’habite est un trésor. Un trésor qui est la puissance même de Dieu et dans lequel il puise sa propre force ».

Il a rappelé la conviction du Père Jaboulay, qui voulait dédier sa vie aux Missions Africaines avec obéissance et sourire. « Cette conviction de Paul, je la retrouve chez Pierre lorsqu’il veut consacrer sa vie aux Missions Africaines et je le cite : ‘Je veux être membre des Missions Africaines dans une obéissance absolue aux Constitutions, aux supérieurs, toujours avec le sourire, quelles que doivent être les situations.’ Le sourire en toutes situations, il l’a eu comme l’expression de sa musique intérieure révélant la beauté harmonieuse du trésor qu’il portait en lui. Le poète dit que ‘le sourire est la musique de l’âme’ ».

Le père Jaboulay avait une philosophie de vie « ailleurs et autrement ». « Par contre, il relativisera l’absolu de son obéissance aux supérieurs à qui il disait avant une nomination qu’il pressentait classique : ‘je veux être ailleurs et autrement’. ‘Ailleurs et autrement’, voilà deux mots qui le caractérisent parfaitement ».

Pierre Jaboulay, affectueusement appelé « Pierrot » par sa famille, était le plus jeune des cousins. « Tu étais le plus jeune petit-fils de nos grands-parents Linossier et – avec quinze mois de moins que toi – j’étais leur plus jeune petite-fille », se souvient sa cousine Madeline devenu sœur Marie Claude, smsm. Dès son jeune âge, sa vocation missionnaire était claire. « Te souviens-tu de ce jour où on t’interrogeait : ‘Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ?’ et que tu as répondu ‘Je veux être missionnaire en Afrique !’ On t’a alors demandé pourquoi ? Et tu as claironné : ‘Pour manger des bananes !’ ».

Pierre Jaboulay était connu pour son esprit d’aventure. « En quelle année as-tu décidé de ne pas venir en congé en France en avion mais de traverser toute l’Afrique en camion ? Tante Anna n’était pas contente : cela raccourcissait beaucoup tes vacances en famille. Mais moi, j’étais ravie », raconte Madeleine. Il aimait se plonger dans les communautés locales, célébrant la messe dans des endroits reculés. « Tu es venu dans ma communauté d’Hydra et nous sommes allés célébrer la messe de l’Ascension dans l’autre communauté SMSM d’Algérie à Meftah » a-t-elle ajouté.

Après des décennies de service en Afrique,Pierre Jaboulay a été en paroisse à  Saint-Christo en Jarez. « Et puis tu as renoncé à ta chère Afrique pour devenir le pasteur de Saint-Christo en Jarez. Tu pouvais alors t’occuper de ta bien aimée sœur Chantal, ton aînée, d’un an. Tu l’as accompagnée dans sa longue maladie », se rappelle Madeleine. Il était très apprécié pour sa proximité et sa simplicité. « J’ai beaucoup apprécié Pierre et toute la communauté paroissiale aussi, parce qu’il était très proche des gens, disponible et tout simple », a déclaré un diacre de la paroisse.

Madame Marie-Juliane Jaboulay, épouse de Bernard, le frère décédé de Pierre, a déclaré : « Cher Pierrot, après toutes ces années passées au service des Missions Africaines, tu avais rejoint la terre natale de St Chamond et plus particulièrement la paroisse St Jean Louis du Levant à St Christo en Jarez. Tu nous as régalé au piano lors de nos fêtes familiales et on rappellera à Elise et Emma que tu les as baptisées. Tu resteras dans nos cœurs. »

Pierre Jaboulay considérait la prière comme sa raison d’être. À son arrivée en Côte-d’Ivoire en 1965, il avouait : « Je ne priais pas beaucoup… Mais une retraite de huit jours en 1976 a été un tournant. ‘Tu vas prendre une résolution,’ je me suis dit. ‘Prendre 5 minutes de plus d’adoration chaque jour à l’église.’ J’ai commencé à donner ces 5 minutes… et ces 5 minutes, peu à peu, se sont allongées en 60 minutes ».

Il trouvait toujours le temps pour prier, même lorsqu’il était fatigué ou peu motivé. « Je dois dire qu’un jour, n’étant pas du tout en forme… je partais prier pour ‘mon heure’ d’adoration… Une heure après, je me suis surpris en train de siffler quelques airs tout joyeux sans que je m’en aperçoive, le Seigneur venait de me combler de sa Paix ».

Le père Jaboulay préférait prier en communauté plutôt que seul. « Ce que je peux dire maintenant, c’est qu’il m’est plus facile de prier avec 2 ou 3 frères ou sœurs, que lorsque je suis seul. Prier à 3 ou 4, quand on est lié par une véritable et profonde amitié, c’est le ciel, déjà, pour moi », disait-il. Il trouvait une grande joie dans l’Office des Psaumes. « Premièrement, par l’Office, je me sens réellement uni à toute l’Église, et deuxièmement, on trouve toujours dans les Psaumes, la Parole de Dieu qui correspond à ce que l’on est en train de vivre ».

Quelques jours avant sa mort, Père Jaboulay a eu une conversation marquante avec sa cousine Madeleine. « Ce dimanche 21 juillet 2024, c’est toi qui m’as appelée : ‘Madeleine, c’est toujours toi qui m’appelles. Aujourd’hui, je prends les devants,’ et tu m’as parlé un bon moment… ‘Que Dieu te bénisse !’ tu as ajouté avant de clore. Le lendemain, tu étais hospitalisé d’urgence en soins palliatifs. N’est-ce pas extraordinaire que tu aies voulu me parler juste avant de mourir ? Je reçois cela comme un don de Dieu. Et cela me console de ne pas avoir pu venir t’accompagner à ta dernière demeure. Ne nous oublie pas ! Aide-nous à rester fidèles au Christ ! ».

Pierre Jaboulay laisse derrière lui un héritage de foi, d’humilité et de service. « Un ancien séminariste, qui a connu Pierre au noviciat lui rendant hommage a écrit : ‘Pierre était la joie de vivre et la simplicité… Il entre aujourd’hui dans le grand orchestre des anges du ciel’ ».

Que son exemple de vie et de prière continue d’inspirer ceux qui ont eu la chance de le connaître. « Que le Seigneur, Le Maître de chœur céleste, le fasse chanter éternellement ».

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