Introduction : Frères et sœurs bien aimés, nous sommes réunis aujourd’hui autour de la table du Seigneur en ce jour où nous célébrons la solennité du Corps et du Sang de Jésus Christ. Jésus Christ, avant de subir sa passion a posé un geste très fort : en donnant son corps et son sang comme nourriture ; son corps livré et flagellé pour nous ; son sang versé pour notre vie. Et il ajoutera : « faites ceci en mémoire de moi ». Donc chaque fois que tu donnes ta vie ou tu donnes ton sang pour la vie de l’autre, tu le fais en mémoire de celui qui « t’a aimé et qui s’est livré pour toi ».
Aujourd’hui nous rendons hommage à un fils de Combre qui s’est donné entièrement jusqu’à sa propre vie par amour pour le Christ et le peuple africain, spécifiquement le peuple Ghanéen. Le vénérable père Auguste Moreau, SMA.
Demandons au Seigneur la grâce d’être comme le père Moreau et comme son ami de Combre, l’Abbé Jules Farge, le serviteur de toutes et de tous..
Homélie : Chère frères et sœurs, je suis honoré d’être ici parmi vous pour célébrer un grand homme, un missionnaire de taille, un saint. Le Vénérable Père Auguste Moreau, SMA premier Pro-Préfet de la Préfecture de la Côte d’Or.
Le 18 mai 1880, deux jeunes hommes, l’un avait 33 ans et l’autre 31 ans, envoyés par leur supérieur et en réponse à la voix qui les appelait et le désir d’étendre le royaume de Dieu, quittant Ste Hélène, l’Ile de Cap Central en Afrique du sud, à bord d’un navire de guerre britannique « le Dwarf » arrivent à Elmina, sur la Côte d’Or. C’étaient le père Moreau et son collègue Eugène Murat. Les deux hommes ont été accueilli par deux commerçants français qui vivaient et connaissaient bien la côte d’Afrique de l’ouest, Joseph Bonnat et Brun.
A peine installés dans leur nouvelle mission, la tragédie a commencée : Murat mourût le 5 aout à peine trois mois après leur arrivé à l’âge de 31 ans emporté par la fièvre jaune. Moreau, ne sera pas découragé par ce drame. Il va se consacrer davantage à l’œuvre de l’évangélisation et le progrès des autochtones.
Le père Moreau était un vrai pionnier. Il a travaillé dans des circonstances difficiles et précaires sans les facilités actuelles de logement, de transport et de communication. Il avait très peu d’argent et de soutien financier, aucun moyen de transport et pas de communauté catholique pour le soutenir. Et pourtant, il ne s’est jamais découragé car il avait des projets et des rêves pour la mission et pour le peuple.
Malheureusement, le 21 mars 1886 il mourut en mer entre Axim et Grand Bassam au cours de son voyage de retour à l’âge de 39ans seulement. Son corps fut déposé en mer !
Aujourd’hui, on pourrait se lamenter en disant : « quel gâchis » ! » !
La vie du père Moreau correspond bien à la fête que nous célébrons aujourd’hui : la solennité du Corps et du Sang du Christ. Le Christ qui s’est tout donné jusqu’à son corps et son sang versé, pour nous procurer la vie et la vraie vie en abondance !
Comme dit l’évangile de Jean « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24). Aujourd’hui, le grain de blé qu’est le père Moreau, tombé en terre du Ghana a porté beaucoup de fruits :
Aujourd’hui il y 4 Archidiocèses et 11 diocèses ; plus de 1350 prêtres, beaucoup de religieux, séminaristes et beaucoup de catholiques laïcs ; en 2010 constitués 13% de la population ; et 3 cardinaux, le dernier sera créé en Août prochain ! Beaucoup d’école, de centres de santé et beaucoup d’autres.
Le premier président de la République du Ghana était formé par la SMA et avait beaucoup d’admiration pour les missionnaires.
Le Ghana doit son développement aujourd’hui en grand partie au travail des missionnaires.
J’aimerais partager avec vous trois points que je juge importants à partir de l’Evangile d’aujourd’hui.
- Les laïcs jouent un rôle capital dans l’évangélisation. Á la sollicitation de Jésus « donnez-leur quelque chose vous-même à manger » c’est grâce au petit garçon que les apôtres ont trouvé deux poissons et cinq pains. Sans la présence et le don de ce petit garçon inconnu, qui n’appartenait pas au groupe des apôtres ni à celui des disciples le miracle de la multiplication du pain n’aurait pas eu lieu. Aussi, sans les interventions de plusieurs laïcs comme James Marshall, Joseph Bonnat et Brun, l’arrivée des pères Moreau et Murat n’aurait pas eu lieu et l’évangélisation du Ghana serait retardée. L’Eglise a besoin de ses filles et de ses fils laïcs. Le Seigneur compte beaucoup sur la participation active de vous tous, ses fidèles pour l’avènement de son Royaume.
- L’Eglise a besoin de personnes généreuses.: « donnez-leur quelque chose vous-même ». La générosité commence dans le cœur, se sentir concerné par une situation ; elle commence quand nous vaincrons l’indifférence, et lorsque nous aurons fini de penser que c’est l’affaire de l’autre, en pensant que cela ne me concerne pas ! Aujourd’hui Jésus te parle directement- ça te concerne ! donne-lui quelque chose toi-même ! la paix dans le monde te concerne !, la lutte contre la faim te concerne ! la lutte contre la maladie te concerne ! l’évangélisation du monde te concerne. La joie et l’épanouissement de ta famille te concernent ! Le Pape François dit que le péché du monde actuel c’est l’indifférence ! N’ayons pas peur de nous laisser entrainer dans le chaos de la vie d’autrui. Peut être nous jugeons notre contribution insignifiante et sans importance et nous répondons comme les apôtres « où trouver du pain pour nourrir tous ce monde ? Même les pains qu’on aurait pour deux cents deniers ne suffiraient pas pour que chacun en reçut un peu. (Jean 6 :7) ». Tout ce que Dieu attend de nous, c’est ce qu’à fait le petit garçon qui a osé offrir son petit déjeuner !Oui, donner ce que nous avons, ce que nous pouvons offrir si petit soit-il. Il se charge lui, de nourrir la foule, de conduire à bien et au bon port l’initiative commencée.
- L’Eglise a besoin de personnes persévérantes. La persévérance : « Le voyage de mille kilomètres commence par un pas », dit-on. L’alimentation des cinq mille hommes a commencé par cinq pains et deux poissons. L’évangélisation du Ghana a été initiée par deux jeunes prêtres. « Rien n’est impossible à Dieu ». Croire à la Providence ! Ne te décourage pas par la grandeur ou l’immensité d’une tâche, d’une cause, ni par les défis. Fait confiance à Dieu !Le Seigneur lui-même a dit : « Le règne de Dieu est semblable à un grain de moutarde qui lorsqu’on le sème en terre, est la plus petite de toutes les semences qui sont sur la terre, mais lorsqu’il a été semé, il monte, devient le plus grand que tous les arbres, et de grandes branches poussent, en sorte que les oiseaux du ciel peuvent habiter sous son ombre (Marc 4 :31-31) ». C’est l’exemple du Christ, dont la solennité du corps livré et du sang versé nous rappelle aujourd’hui ; c’est l’exemple du Père Moreau dont nous commémorons son œuvre 140ans après; c’est l’exemple du Fondateur de la SMA Vénérable Mgr. Melchior de Marion Brésillac qui est mort à peine six semaines après son arrivée en Afrique.
Avant de mourir, Mgr de Marion Brésillac a laissé un petit conseil au père Augustin Planque son successeur: « mon œuvre vivra s’il y a une volonté de la continuer. Et tu seras cette volonté ». Aujourd’hui l’œuvre de Dieu continuera s’il y a une volonté ; nous sommes cette volonté, je suis cette volonté, tu es cette volonté.
Que sa grâce touche notre volonté pour accomplir son œuvre aujourd’hui et toujours. Amen !
Paul Ennin SMA
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