Les messes catholiques avec les fidèles sont suspendues, l’eau bénite a été retirée à l’entrée des églises, le ‘troupeau’ est tombé malade et a été dispersé. Mais l’Église montre sa résilience ; tout n’est pas perdu. Les communautés catholiques du monde entier ont répondu à la crise du Covid-19 en trouvant de nouvelles façons de pratiquer leur foi. Mais comment les fidèles peuvent-ils découvrir une (nouvelle) signification à ces temps difficiles ?
Comme tous les autres aspects de la vie, le covid 19 n’a pas épargné l’église. Il a mis un terme à la plupart de l’activité chrétienne. Le confinement les prive de la messe, des sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation, sans compter les nombreux baptêmes et mariages reportés. Une privation ressentie d’autant plus douloureusement que l’Eglise a est entrée dans la Semaine sainte, habituellement ponctuée d’offices.
Depuis le 15 mars, les catholiques français ne peuvent plus suivre la messe autrement que devant un écran. Face à cette situation, nombre de fidèles veillent à donner un cadre priant à ces retransmissions pour ne pas les regarder comme n’importe quelle autre émission.
Les différentes paroisses des (différents) diocèses sont obligées de trouver de nouvelles façons d’atteindre leurs fidèles. Certaines par des transmissions radio, d’autres par des retransmissions télévisées et d’autres encore ont opté pour les réseaux sociaux.
L’église dans le salon
Les chrétiens aussi sont forcés d’adopter de nouvelles façons de vivre leur foi pendant le confinement. « Jusqu’au dimanche nous avons organisé notre nouvelle vie, autour du télétravail. Nous avons aussi avec plaisir retrouvé le temps de prier plusieurs fois par jour, seul, en couple et même en famille. En temps normal la prière en couple et en famille sont compliquées car nos horaires sont denses et pas toujours compatibles », estiment Laurence et Pierre paroissiens de Notre Dame de l’Assomption à Vaulx-en-Velin. Comme beaucoup d’autres chrétiens, « nous avons commencé à suivre la messe sur internet chaque jour grâce à l’application de ‘Prions en église.’ Ces jours-là nous avons aimé suivre la messe ensemble côte à côte : ce qui compte tenu de nos engagements paroissiaux n’est pas fréquent », poursuivent-ils.
Différentes congrégations religieuses ont leurs messes quotidiennes, mais elles aussi ne sont pas épargnées par le confinement et ont dû faire des ajustements. « Dans la communauté, nous avons participé ensemble aux messes télévisées tous les jours à 8 heures et avons continué à prier tous les matins et tous les soirs. Cela nous a éclairés et aidés à prier un peu plus longtemps et je l’ai personnellement trouvé utile », affirme Perla, une religieuse de Saint Paul.
Un temps pour la croissance spirituelle
L’image du pape marchant seul pour rejoindre l’église de San Marcello, au centre de Rome, avait marqué les esprits. Deux semaines plus tard, il a prié, seul encore, au milieu d’une place Saint-Pierre vide, en plein weekend de Pâques. Du jamais vu ! Même chose pour la bénédiction d’Urbi et Orbi pour Pâques.
Ce confinement est vécu comme un temps permettant d’approfondir sa prière personnelle, et d’en faire l’expérience en famille. Nicole et Bruno, des chrétiens très engagés, continuent à nourrir leur foi « par le biais des offices, chapelets et célébrations à la télévision sur KTO et sur le Jour du Seigneur sur France 2. Mais quelle tristesse de voir des églises vides ou comme par exemple les célébrations du Saint Père “seul” sans communauté et sans communion ».
Certaines paroisses ont signalé une augmentation du nombre de personnes participant à la messe (virtuelle), certains téléspectateurs retournant à la messe après de longues absences. On peut soutenir que la participation à la messe ou à une célébration liturgique télévisée ou sur Internet n’est pas la même chose que d’aller à l’église, mais « ces messes nous ont toujours parues bien préparées et animées avec beaucoup de solennité et de délicatesse. Les homélies ont souvent nourri des temps de discussion en couple ou en famille », affirment Laurence et Pierre.
Cependant, cela a fonctionné pour ceux qui ont une connexion Internet stable. Augustine, une jeune femme qui vit seule, a remarqué qu’« à certaines occasions j’ai eu des difficultés de connexion internet, qui ont fait que certaines célébrations n’ont pas été très fluides. Néanmoins, j’ai essayé au mieux de me préparer comme si je me rendais à l’église pour vivre le mieux possible la célébration et entrer en communion avec les célébrants ».
Des actes charitables
En plus de participer aux services liturgiques télévisés ou diffusés sur Internet, les chrétiens étaient également engagés dans d’autres activités quotidiennes qui les aidaient à vivre leur foi chrétienne. Des activités auxquelles ils n’auraient pas pensé ou auxquelles ils n’auraient pas consacré suffisamment de temps en temps ordinaire. « Nous prenons beaucoup plus de temps pour notre famille, nos proches, nos amis et même des gens que l’on avait perdu de vue par téléphone, WhatsApp et internet », expliquent Nicole et Bruno. « Nous passons beaucoup de temps “à communiquer” y compris avec nos voisins par balcons interposés le soir au moment des applaudissements pour les soignants », poursuivent-ils.
Laurence est la secrétaire paroissiale, et elle est capable de continuer à travailler de la maison comme beaucoup d’autres. « Je passe du temps au contact du prêtre et des paroissiens. Avec l’accord de Père Laurent, j’ai souhaité maintenir le lien avec tous. Je le fais avec internet en envoyant chaque jour un mail à tous qui aide à prier, méditer, ou même sourire. Je téléphone aussi à ceux qui n’ont pas d’ordinateur ou simplement ne sont pas à l’aise avec. La première semaine avec la personne chargée de la solidarité nous avons veillé à mettre à l’abri le plus grand nombre de personnes possible, depuis nous veillons aussi à ce que chacun ait de la nourriture (fruits et légumes frais) ».
Les prêtres sont aussi directement concernés. Eux aussi doivent s’adapter à la ‟nouvelle normalité.” Le père Laurent est curé de Notre Dame de l’Assomption à Vaulx-en-Velin. Comme beaucoup d’autres prêtres, il a célébré Pâques sans les fidèles. « Je l’ai célébré le plus simplement possible. J’ai envoyé un message à tous mes paroissiens et paroissiennes pour leur souhaiter une bonne fête et aussi pour les encourager. J’ai suivi la messe du pape sur à la télévision KTO. Mais l’après-midi, j’ai senti profondément le besoin de dire une messe moi-même. Ce qui m’a comblé de Joie ».
Depuis l’apparition du coronavirus en Chine en décembre dernier, la maladie a contaminé plus de 3,7 millions de personnes dans le monde, et tué près de 260 000 malades du Covid-19. 180 pays sont touchés par cette crise sanitaire et plus de la moitié de l’humanité est appelée à rester chez elle. En France, le dernier bilan fournit par les autorités sanitaires concernant la pandémie de COVID-19 fait état de 132 967 cas recensés et 25 531 morts dont 42 prêtres et religieux. Gardez à l’esprit que ces chiffres ne cessent de changer.
Dominic Wabwireh, SMA
Laisser un commentaire