Nous sommes les mêmes

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Récemment, Maria Dolores a rendu une visite de courtoisie à la SMA Media Center International et nous avons saisi l’opportunité de l’interviewer et voici ce qu’elle a partagé avec nous…

Qui est vous et Que faite vous

Je m’appelle Maria Dolores Agúndez Leal. Je suis laïque sma, associée au District d’Espagne. Je suis la plus jeune de cinq enfants. J’ai été formée chez les Dominicaines françaises où j’ai reçu une très bonne éducation ; mais à un moment donné, j’ai abandonné la pratique religieuse.

Il y a vingt ans, je suis allée en Ethiopie pour travailler dans un projet de recherche forestière et ce séjour m’a marquée, car je vu la réalité de l’Ethiopie, la souffrance de la population et pour moi ce fut un choc de voir la différence du niveau de vie entre l’Afrique et l’Europe. Dès mon retour, j’ai cherché comment travailler en lien avec l’Afrique et j’ai commencé à collaborer avec ManosUnidas une ONG catholique, puis je suis allée au Brésil en touriste avec une amie. Là-bas je vu la religion traditionnelle africaine mélangée au catholicisme. Cela aussi m’a frappée, et de retour à Madrid, j’ai cherché à entrer dans toutes les églises. Une psychologue que je connaissais m’a dit de m’approcher d’une église, mais je ne savais pas que c’était le renouveau charismatique ; là, je me suis sentie à l’aise ; c’était en 2000; j’ai alors commencé un cheminement avec le renouveau charismatique au cours duquel j’ai compris que je devais travailler avec l’Afrique. En cherchant sur Internet, je suis tombée sur la page de la SMA du District d’Espagne. J’ai contacté père José Ramon et je lui ai dit que je voulais aller en Afrique ; il m’a dit de commencer par connaître le groupe de laïcs dans lequel je me suis sentie à l’aise et j’ai commencé à me former pour partir en Afrique.

J’y ai d’abord passé deux mois en 2002. La première fois je suis allée à Nikki et j’ai visité toutes les missions où travaillent les Espagnols et la deuxième année je suis allé à Péréré où travaillait le père François du Penhoat avec Almudena. Là, j’ai passé un mois où j’ai fait du soutien scolaire. C’est comme cela que j’ai commencé petit à petit et en 2004 je suis allé à Kalalé pour quatre ans. Là-bas j’ai accompagné quelques communautés chrétiennes et des femmes, pour les encourager à faire les jardins. D’autre part, mon travail de recherche sur les arbres, (je suis forestière de formation), m’a permis de travailler dans la région au Bénin, J’ai commencé à travailler sur le karité. J’ai fait quatre ans à Kalalé, puis je suis allé à Banikanni dans le diocèse de Parakou. Là-bas le contact avec la communauté a changé, puisque c’est une grande paroisse de ville ; j’ai participé aux activités des associations de femmes catholiques, j’allais aussi dans les villages pour les prières dominicales et pour aider à organiser la catéchèse, tout en restant toujours en contact avec l’Université de Parakou pour mon travail de recherche. Là-bas j’ai fait trois ans.

Dans votre travail de collaboration avec la SMA, quels sont les défis à la fois positifs et négatifs ?

A un moment donné, je voulais quitter mon travail et m’engager à plein temps dans le travail missionnaire ; mais le père Raphaël m’a conseillé de ne pas quitter ma profession ; c’est vrai que c’est aussi ma joie et j’aime beaucoup ce que je fais ; et puis d’autres collègues qui m’ont aidée à l’INIA (Institut de Recherche Agronomique de l’Espagne), m’ont toujours encouragée à continuer. J’ai vu qu’il me faudrait toujours partager mon temps entre la mission et ma profession et c’est ce que j’ai toujours fait, mais au début, pour moi, c’était un peu difficile : d’abord pour comprendre quel était mon rôle à la fois dans la mission et dans ma profession ; les gens avaient du mal à comprendre que j’étais missionnaire laïque et que, en plus, j‘avais mon propre travail. Cela m’a permis aussi d’avoir une certaine indépendance. La rencontre avec d’autres laïcs, chrétiens ou musulmans, m’a aussi donné beaucoup de joie : quand j’expliquais mon rôle dans la mission, ils étaient étonnés, mais ils comprenaient et je pense que c’était un bon témoignage. Ça m’a aussi aidé à comprendre ma vocation et mon rôle dans la mission. Au District d’Espagne il ya un fort groupe de laïcs, mais peu sont allés en Afrique ; maintenant il y en a d’autres qui se sont ajoutés à la mission au Niger. Aider les prêtres et collaborer avec eux ou partir en mission comme laïque, ce n’est pas la même chose et partir c’est un défi.

Dans votre engagement avec les pères sma du District d’Espagne, comme laïque missionnaire, est-ce que vous vous sentez soutenue dans les différentes missions ?

Il y a toujours des problèmes à résoudre, mais en général oui, je me sens soutenue. A Banikanni je travaillais surtout avec l’Université et je n’avais pas beaucoup d’aide car c’est moi qui organisais le travail. Par exemple on a reçu deux étudiants d’une université d’Espagne pendant quelque mois et je ne pas eu de problèmes parce que j’ai été soutenue par les prêtres.

A Kalalé j’avais tout ce dont j’avais besoin pour mon travail, même s’il avait les petites questions de communauté.

Au Niger, ce que l’on a commencé c’est une mission de prêtres et de laïcs dès le début. On a construit une équipe prêtres/laïcs où chacun devait trouver sa place et aider les autres à faire communauté dans ce sens, sens de liberté et d’encouragement pour les autres. Là-bas c’était plus facile, comme il y a peu de communautés chrétiennes. Nous les laïcs on se focalise sur le développement et la sensibilisation de la population pour améliorer l’hygiène, la santé et la nutrition. On partage tout en communauté et je pense qu’on a bien commencé et maintenant nous sommes en attente, vu la situation du Niger.

Dans votre propos, vous avez souligné ce qui vous a frappée la première fois que vous êtes allée en Afrique, précisément la pauvreté. Dans votre collaboration avec les pères sma, est-ce que vous avez reçu quelque chose du peuple ou bien c’est vous qui avez toujours apporté quelque chose pour les gens ?

Au début tu ne connais pas la situation, mais après tu t’habitues, tu acceptes la différence et la situation de ce monde et quand tu rentres dans les relations avec les gens, ce sont des personnes avec des noms et des prénoms, c’est à dire ce sont des personnes concrètes : tu commences une relation avec elles et tu oublies un peu tout le reste. Tu comprends leur façon de vivre ; c’est vrai qu’il y a la pauvreté et beaucoup de difficultés, mais il y a aussi la joie et j’ai reçu beaucoup d’aide auprès des gens que j’ai rencontrés. Il y a près de vingt ans que je connais l’Afrique et j’ai vu maintenant en partant en Ethiopie, que c’est tout a faire différent, je n’ai pas de clé pour comprendre leur culture et leur façon de vivre et de parler, mais je ne fais pas de différence si je suis avec un Africain ou un Européen, car pour moi ce sont des personnes et ça c’est comme une grâce, une bénédiction.

Dans vos vingt ans de contact avec l’Afrique, qu’est-ce qui vous a marquée le plus ?

Je voudrais souligner l’expression de la joie, l’expression libre et l’accueil. On doit beaucoup apprendre de l’accueil des Africains, nous les Européens, le partage des choses très simples. Les différentes expressions de la culture, pour moi c’est un miracle !

Quel message voulez-vous faire passer aux autres laïcs sma qui n’ont pas encore fait d’expérience en Afrique. Pouvez-vous les encourager à faire cette expérience ?

Maintenant en Europe on vit une réalité qui est aussi très dure. On voit comment les immigrants arrivent en Europe et on voit comment les gouvernements et l’Union Européenne gèrent cette réalité et c’est pénible. On devrait approfondir et voir notre relation comme Européens avec les gens qui arrivent chez nous. Comme missionnaires en Afrique, on a à dire quelque chose. En Espagne, on est seulement à quinze kilomètres de l’Afrique. Il y a des gens qui disent : ça c’est notre terrain, vous ne pouvez pas rentrer, vous allez nous enlever notre boulot et nos enfants que vont-ils faire après etc.

Il y a des gens aussi qui n’ont jamais eu contact avec les Africains et pour eux c’est quelque chose de rare. Ils ont peur et ils ne savent pas comment entrer en relation avec les Africains, ils ne comprennent pas. Mais nous, on a le devoir de montrer la réalité, montrer qu’on est tous les fils et filles de Dieu. « Nous sommes les mêmes » est une expression que j’ai apprise au Bénin, mais c’est une grande chose de dire que nous sommes les mêmes ! Alors tu as l’expérience que nous sommes les mêmes et on doit le montrer aux autres. J’encourage aussi les laïcs qui collaborent avec la SMA de faire cette expérience, même s’ils ne peuvent pas s’engager pour plusieurs années ; ce n’est pas d’abord pour aider les Africains, mais parce que Dieu t’envoie là-bas pour travailler, pour collaborer et vivre ensemble pour construire ensemble. Cela va donner une bonne base pour pouvoir lutter contre le problème d’immigration et de racisme qui se développe.

Pouvez vous nous parler un peu de votre travail professionnel et de vos études à ce propos?

J’ai mentionné que je travaille sur les arbres alimentaires qui poussent naturellement. Je suis plutôt pour le produit alimentaire de ces arbres. Donc j’ai commencé au Bénin, mais avec un projet qui couvre le Mali, le Burkina, le Togo et le Niger. On a fini le projet en 2010-2011et on a cherché comment continuer à travailler en Afrique et c’est le Niger qui a été retenu, parce que le Niger est un pays prioritaire pour la coopération espagnole. Donc c’est dans le cadre de ce projet que j’ai commencé à étudier pour ma thèse dont le thème est de découvrir quel est l’intérêt des gens pour la conservation des arbres. La technique employée ce sont les enquêtes, les analyses et les statistiques.

Le défi c’est que l’on trouve maintenant des arbres grands et vieux et il faut favoriser la régénération.

                                                                                                                                              Par Dominic Wabwireh, sma

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