Le futur est créé progressivement, mais l’avenir on ne peut pas le prévoir ! … On comprend, dès lors, que la patience devienne une vertu : le consacré crée une frontière entre la vie et la mort pour choisir la Vie, car « Il est fidèle celui qui nous a appelés ».
Ils sont nombreux les jeunes africains, philippins, indiens qui se sentent appelés à la mission en Afrique.
Le 25 juin 2018, marque le 159e anniversaire de la mort de notre fondateur Mgr de Brésillac. Les membres de la Société des Missions Africaines (SMA) évoquent la vie et la mort héroïque de leur fondateur, mort à Freetown, en Sierra Leone, six semaines seulement après son arrivée sur le sol africain.
Cette journée est un défi pour nous : qui sommes-nous en tant que membres de la SMA aujourd’hui ? Il nous faut examiner l’importance de Freetown et son impact sur la SMA.
Le 8 décembre 1856, Mgr de Brésillac et ses compagnons se réunissaient au sanctuaire de Notre-Dame de Fourvière à Lyon : ce fut un moment important dans l’histoire du mouvement missionnaire des temps modernes. Ce qui a été inauguré là-bas, c’était d’apporter une immense contribution au développement « spirituel et matériel » de l’Afrique et de ses peuples. C’est pour cela, et nous n’avons aucun doute à ce sujet, que la SMA a eu un impact profond sur l’Afrique et continue, encore aujourd’hui, de marquer le continent auquel Mgr de Brésillac et ses disciples ont consacré leurs vies, leurs énergies et leurs services.
Deux ans seulement après la naissance de la Société, les premiers missionnaires sma sont arrivés en Afrique, à Freetown, en Sierra Leone, au cœur du Vicariat Apostolique confié à Mgr de Marion Brésillac. Ces deux années avaient été consacrées à la promotion de la nouvelle Société, à la mise en place du séminaire, à la collecte de fonds et à la préparation de l’œuvre missionnaire en Afrique. Deux mois après l’arrivée des pères Louis Reymond et Jean-Baptiste Bresson et du frère Eugène, Mgr de Brésillac part lui-même pour l’Afrique en compagnie du père Louis Riocreux et du frère Gratien Monnoyeur. Le 14 mai, ils débarquent à Freetown. C’était l’accomplissement du plus profond désir de notre fondateur : continuer l’apostolat missionnaire qu’il avait dû abandonner en Inde.
A leur arrivée, la ville de Freetown est touchée par une épidémie de fièvre jaune. Malgré l’insistance du capitaine du navire qui voulait l’empêcher de débarquer, Mgr de Brésillac se rendit à terre pour commencer son œuvre africaine.
Pourquoi n’a t-il pas été plus sensé? Pourquoi a t-il voulu absolument débarquer dans cette contrée dévastée par la maladie? Pourquoi a-t-il pris ce que, avec le recul, beaucoup devaient considérer comme l’option la moins sage ?
Essayer de répondre à ces questions pourrait s’avérer futile. Mais il doit avoir été motivé par son engagement missionnaire et son désir d’aller au milieu de ces gens abandonnés. Il n’oubliait pas les promesses qu’il avait lui-même faites lors de sa retraite avant de partie en Inde : elles étaient les principes directeurs de sa vie missionnaire :
* « Être missionnaire du fond de mon cœur ».
* « Ne rien négliger pour faire avancer l’œuvre de Dieu ».
* « Saisir toutes les occasions de prêcher la Sainte Parole ».
* « Enfin, et c’est pour cela que j’implore surtout votre bénédiction, ô mon Dieu, employer tous mes moyens, toutes mes forces, toute mon étude à contribuer à la fondation d’un clergé indigène ».
Son expérience antérieure en Inde avait enrichi le Fondateur sur l’apostolat missionnaire, mais avait également aiguisé ses propres idées sur l’engagement qui doit être premier chez le missionnaire : un clergé indigène. Lorsqu’il était en Inde, Mgr de Brésillac s’est profondément engagé dans ce domaine. Plus tard, dans la vision qu’il avait pour fonder sa nouvelle société, ce sera là un des éléments les plus importants.
Si la formation du clergé autochtone devait être un aspect fondamental de la politique de la mission, un deuxième aspect était son propre engagement pour rejoindre les plus abandonnés, ce qui donnait la priorité à l’évangélisation primaire comme l’une de ses principales cibles.
Ces deux aspects de l’apostolat missionnaire ont été ce qui a façonné son attitude et déterminé sa vision. Ils devaient également déterminer la vision de la SMA jusqu’à ce jour. L’engagement envers les peuples les plus abandonnés d’Afrique devait être une des clés de notre politique missionnaire et la base de notre mission et de notre apostolat.
L’amour de Melchior de Marion Brésillac pour le continent africain qu’il avait choisi comme lieu à évangéliser pour sa nouvelle Société l’inspirait, le poussait, le contraignait presque à aller à terre à la rencontre des gens qu’il était venu servir, même si autour de lui les conseils de sagesse qu’il avait reçus lui suggéraient de rester en sécurité à bord du navire. Ce fut l’aboutissement de tout son travail au cours des années précédentes pour les ressources, pour le recrutement, pour l’animation de la mission. Maintenant, il était enfin venu en Afrique, chez son peuple, il était chez lui. Il allait proclamer la Bonne Nouvelle aux personnes qui lui étaient confiées. Et nous connaissons la suite. Le père Riocreux tomba malade et après quelques jours de fièvre, il mourut le 2 juin, à l’âge de 27 ans. Entre-temps, le père Bresson tomba également malade et mourut le 5 juin, à l’âge de 47 ans.
Ces exemples montrent comment Mgr de Brésillac et son charisme missionnaire touchent et inspirent la vie d’hommes et de femmes, jeunes et vieux, laïcs et consacrés sur plusieurs continents. Il nous appartient maintenant de mettre en œuvre aujourd’hui son inspiration missionnaire avec discernement et courage. Le pape François continue de nous pousser dans cette direction pour devenir une Église qui va de l’avant, qui rencontre l’autre et la met au service de l’autre.
L’un des défis à relever aujourd’hui est de vivre le renouveau de l’héritage spirituel de Mgr de Brésillac en « réciprocité », c’est-à-dire en collaboration et communication, dans un esprit de famille et de dignité égale. Cela signifie promouvoir le dialogue, se concentrer sur la manière dont l’autre met en pratique la même vocation missionnaire et permettre aux diverses réalités pastorales et aux différents sentiments d’interagir les uns sur les autres.
Dans notre monde globalisé, cette réciprocité s’applique à plusieurs niveaux : les unités sma et les régions de plusieurs continents, les pères sma et les sœurs nda, les membres sma et les différentes formes de volontaires laïcs, les églises locales d’où nous venons, les membres d’autres instituts missionnaires, avec qui nous partageons une longue histoire missionnaire et une spiritualité commune, des gens de bonne volonté, même s’ils ne partagent pas notre religion ou nos croyances. Pour cela, nous devons augmenter le partage et la réflexion de l’expérience du terrain et de l’inspiration tirée du Fondateur. Il est plus utile de vivre dans notre environnement plutôt que d’en parler.
La réciprocité est un concept moderne qui n’est pas dans le vocabulaire de notre fondateur. Il nous indique de toute façon quelques conditions nécessaires à la réciprocité. Dans sa « Retraite aux Missionnaires », il dédie le sixième discours aux qualités d’un bon pasteur. Il identifie trois vertus. « Amour, patience, douceur » – « Caritatem, patientiam, mansuetudinem » Que ce soit là notre provision de voyage quand nous rejoindrons nos communautés chrétiennes, que ce soit notre bagage missionnaire. Et c’est ce que je souhaite pour nous tous.
GUVVALA Joseph, SMA
SMA Media Center – LYON
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