Présentation
La soif de paix et de justice est évidemment une réalité croissante dans notre monde d’aujourd’hui. L’effet des crises politiques et des injustices est clairement visible partout dans le monde tandis que les cris de la multitude de gens demandent à être entendus par tous.
Ainsi l’Église, attentive à l’appel de notre Seigneur Jésus-Christ, le Prince de la Paix, fait bien de défendre la cause des faibles et des plus abandonnés. En tant qu’Institut missionnaire de l’Église Catholique, la Société des Missions Africaines s’est donnée comme défi d’impliquer ses membres du monde entier et particulièrement en Afrique dans des questions de JPIC.
Dans la région du Libéria, les questions de JPIC ont refait surface depuis janvier 2015. Depuis cette période, quelques activités ont été entreprises et malgré les défis, il existe des raisons de garder l’espoir ; la paix reste un trésor à préserver coûte que coûte ; elle n’est préversée ‘que par l’observation diligente de l’ordre divinement établi’. (Cf. Pacem in Terris du Pape Jean XXIII, Introduction, paragraphe 1).
Les activités de la JPIC
Du 7 au 9 janvier 2105, le DFGG a organisé un atelier de formation à la Maison Régionale de la SMA à Accra au Ghana sur le thème «Assurer la justice et la paix par le Christ». Cette rencontre a donné le coup de pouce aux activités de JPIC et a également dessiné une feuille de route pour tous les coordonnateurs JPIC qui y ont participé. C’est aussi l’occasion de recevoir le mandat spécial d’initier des groupes de JPIC dans toutes les paroisses où travaillent nos confrères.
• Paroisse Saint Muggaga
Avec ce mandat reçu, dès mon retour au Libéria, j’ai choisi la paroisse de Saint Muggaga Klay comme un terrain d’essai. Après quatre mois de mobilisation par des annonces et des commentaires pendant la messe et d’autres activités, notre premier groupe JPIC est né le 23 mai 2015. C’était la veille de la Pentecôte et nous espérions qu’avec la grâce spéciale du Saint-Esprit, le groupe se développerait et survivrait. Jusqu’à présent, nous nous réjouissons de l’intérêt du peuple et le désir de contribuer à construire un environnement paisible. Les membres ont convenu de tenir des réunions régulières tous les samedis derniers des mois, où différents sujets sont discutés concernant la situation de leur Communauté et du pays dans son ensemble. Quelques idées sont également données par moi sur des sujets discutés pendant l’atelier de formation à Accra, tels que :
«La compréhension des conflits, de l’analyse des conflits, de l’alerte rapide en cas de conflit, de l’environnement propre et de la justice, etc.»
Notre premier atelier de formation a eu lieu les 26 et 27 février 2016 à Gaya Hill, l’une des stations secondaires de la paroisse de Klay, la communauté où nous avons la plantation de caoutchouc. C’était l’endroit, on ne peut plus approprié, pour commencer une telle sensibilisation. Outre la sensibilisation, nous avons aidé deux communautés (Todien et Vaguah) encore de la paroisse de Klay, à réparer leurs pompes d’eau afin de nous assurer que les populations aient de l’eau potable.
• Paroisse Saint Dominique
Le groupe JPIC de Saint Dominic Tubmanburg a débuté une année plus tard le 28 février 2017. Il a ouvert aussi les plaies des expériences d’injustices vécues par le peuple ; les inscrits ont montré de l’enthousiasme à travailler pour la cause de JPIC. Beaucoup se sont enrôlés et ils continuent à montrer de l’intérêt. Des non-catholiques s’intéressent également à nos activités. Les membres du groupe de cette paroisse aussi ont décidé de tenir des réunions régulières tous les troisièmes dimanches des mois. Ils ont programmé une série d’activités à côté des réunions régulières ; ils ont programmé un atelier de formation le 14 mai 2017 à Tubmanburg et le 16 juin 2017 à Bieveny une autre station de la paroisse Saint Dominic. Nous sommes aussi en négociation avec la Radio locale pour introduire des émissions de sensibilisation.
• Le Programme de sensibilisation sur Radio Maria-Liberia
Afin d’atteindre une plus large audiance, j’ai demandé un temps sur la station de radio Catholique, qui est, Radio Maria Libéria. Cela encourage à nouveau notre collaboration continue avec le clergé diocésain. Il s’agit d’une émission pendant laquelle nous invitons le public à appeler et à contribuer ; nous préparons des sujets et débattons sur la paix et les attitudes pacifiques, les valeurs et les signes avant-coureurs des conflits. Cette émission radio a commencé depuis le 04 janvier 2017 et nous avons déjà réalisé 12 séances. La réponse a été bonne malgré les défis. Les membres du groupe JPIC sont invités à participer à l’émission et certaines personnes-ressources sont parfois sollicitées. Cela a été une expérience formidable pour nos membres JPIC puisque la plupart d’entre eux n’ont jamais été à l’antenne.
• Le Club des sketchs
C’est un club de théâtre que j’ai initié quand je travaillais dans la paroisse de Saint Muggaga. Ainsi, avec la naissance de la JPIC sur la paroisse, nous avons associé le club de théâtre. Nous écrivons quelques pièces de théâtre en rapport avec le sujet de la semaine, pièce que nous jouons et enregistrons. Elles sont après jouées pendant l’émission radiodiffusée.
• Paroisse de Saint Mulumba
Notre dernier groupe JPIC est né à la paroisse de Saint Mulumba, à Cooper Farm, à Monrovia, le 5 mars 2017. C’est un groupe jeune qui va croître plus rapidement que les autres car il est en milieu urbain et les membres sont plus instruits. Ils ont participé à leur première émission radio et meurent d’envie d’y retourner. L’expérience Radio donne de la joie et de la vitalité aux groupes. Ils doivent encore présenter un programme d’activités pour leur groupe.
• Le prochain sur la liste : Saint Monica Bopolu
Nous nous concentrons ensuite sur la fondation du Groupe JPIC de Saint Monica Bopolu dans le Comté de Bomi. Je me suis arrangé avec le curé pour rencontrer les habitants le 2 avril 2017. Notre vision de l’extension de notre engagement dans la Région (Cf. Assemblée régionale 2017), comprend la paroisse de Saint Monica Bopolu. Nous choisirons également les dates de réunions régulières et le plan d’activités de l’année. Et ici surtout, notre attention sera focalisée sur les enjeux de la préservation de la forêt car il y a beaucoup de compagnies de bois dans la région et il y a un risque de destruction étant donné que « la perte de forêts entraîne la perte d’espèces qui peuvent constituer des ressources extrêmement importantes à l’avenir … » (Cf. Laudato si du Pape François 32).
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Les stratégies.
• La mobilisation
Ce sera le premier outil. Parler de la JPIC et motiver les paroissiens pendant ou après les homélies avec l’idée de mettre les gens au défi d’agir. Avec la répétition de la même annonce et des commentaires, les gens s’intéressent habituellement.
• Les réunions
Il est également important d’avoir une date précise, comme une réunion mensuelle régulière pour les discussions. Parfois, les gens sont découragés quand il faut trop longtemps avant de se rencontrer.
• Le Programme de sensibilisation
Un jour ou une nuit de sensibilisation aide à maintenir les membres occupés. Ils doivent participer à la préparation. Fixer la date, eux-mêmes et la réalisation du programme. Ici encore, le Drama Club est très utile pour divertir le public. Certains gadgets comme t-shirt sont utiles pour donner une identité au groupe. Nous avons imprimé un t-shirt avec le logo SMA et notre devise : JPIC Liberia, Our Peace, Our Nation.
• L’idée des projets
Ce sera la stratégie la plus importante. Les gens sont très intéressés à faire des choses pratiques. Ils veulent être associés à une œuvre. Comme sortir pour parler ou rencontrer des gens. Mais plus particulièrement faire des choses qui peuvent leur gagner quelques finances. La rénovation des deux pompes dans le village a aidé à commencer le groupe dans la paroisse de Klay. D’autres projets sont prévus. Ceux-ci pourraient fournir des fonds pour les groupes.
Les défis.
• La motivation du peuple en général
Le premier défi demeure la motivation du peuple. Il y a un besoin de mobilisation et d’organisation avant de commencer. La notion de gratuité ou de bénévolat est difficile à comprendre. Aussi les gens ne sont présents aux réunions que lorsque le prêtre est présent. Il n’y a pas beaucoup de respect du chef local à moins que le Prêtre ne soit présent.
• Le manque de soutien financier
Le deuxième défi est le manque de moyens financiers. Nous utilisons jusqu’ici les fonds alloués pour le fonctionnement de la Maison régionale. Il n’y a pas de budget supplémentaire alloué à la JPIC. Et certains confrères se plaignent déjà de l’utilisation des fonds de la Région pour la JPIC. Nous ne pouvons pas faire grand-chose car nos moyens sont extrêmement limités. La sensibilisation et le programme de radio exigent une contribution pour le transport des invités de la radio et d’autres personnes ingénieuses. Parfois, la station de radio s’éteint pendant le programme en raison du manque de carburant et d’électricité.
• L’implication de tous les Confrères
Le troisième défi reste un appel à tous les confrères pour qu’ils s’intéressent à la JPIC et apportent leur contribution en ajoutant leur voix et leur contribution à la mobilisation de leurs paroissiens. Tous les confrères ont accueilli l’idée, mais il reste encore beaucoup à faire. « Nous avons besoin d’une conversation qui inclue tout le monde … » Cf. Paragraphe 14. Laudato Si, le pape Francis.
Nous pourrons établir les groupes de Foya, Sanniquellie et Sasstwon d’ici l’an prochain. Et espérons qu’ils dureront si les confrères assistent aux réunions du groupe sur leur paroisse quand le groupe est établi. C’est notre objectif pour l’année à venir.
Succès et espoirs.
• L’enthousiasme de l’idée de projets
Malgré les défis, nous avons une raison de nous réjouir. Beaucoup sont ouverts à la JPIC et souhaitent y jouer un rôle. Le groupe Klay a montré beaucoup d’enthousiasme, même si c’est un moment avec l’ordre du jour de tirer quelque chose de lui. Le groupe nouvellement créé de Saint Mulumba est encourageant.
Comme mentionné ci-dessus, nous avons créé trois groupes jusqu’à présent et le quatrième est au coin. Ces groupes ont des plans et des projets. Nous essayons de participer à une entreprise de fabrication de savons pour la collecte de fonds. Nous souhaitons également créer une librairie et une bibliothèque dans la Maison régionale et ouvrir une branche dans une ville autour de Klay où les étudiants pourraient avoir accès aux manuels scolaires, des livres et du matériel scolaire, etc Ces projets auront besoin de financement. Nous avons présenté avec espoir le projet Bibliothèque-librairie au «Fonds de soutien de la Province de Lyon».
• Le Salon de la radio
Le programme de radio soulève l’intérêt des gens. Nous espérons continuer si nous avons les moyens. Et beaucoup souhaitent que nous ayons plus de temps et d’engagement sur d’autres stations de radio.
• La JPIC en tant qu’ONG
L’idée de faire de JPIC une ONG a été soulevée lors d’une réunion. J’ai réfléchi sur la question et j’essaie de chercher un lien avec RESTCOR, la récente ONG du DFGG. Une discussion avec le responsable de RESTCOR a été engagée pour cette éventualité. Une ONG définira une Identité claire et produira plus d’impact dans tout le pays. Ainsi, nous aurons plus de clarté dans nos activités.
Conclusion
Liberia, le pays de la liberté est sans aucun doute, le pays de l’espoir où tout doit être refait. La Commission Justice et Paix de l’Archidiocèse lutte également pour faire entendre sa voix et être comptée parmi les organisations significatives du pays. C’est avec un grand zèle et une vision que l’esprit SMA veut toujours briser le terrain et marcher de pair avec d’autres agents de paix et de développement. Surtout en cette année des élections générales dans le pays; Il est plus que jamais approprié de parler de paix, de justice et d’élections libres et équitables. La création de la JPIC en tant qu’ONG ou son lien avec RESTCOR sera d’une grande aide pour la promotion de la paix. En dépit de notre insuffisance et de toutes les difficultés, puissions-nous, par l’intercession du Prince de la Paix notre Seigneur Jésus, « concevoir cela comme notre devoir de consacrer toutes nos pensées, nos soins et notre énergie pour promouvoir ce bien commun de toute l’humanité ». Cf. Paragraphe 167, Pacem in Terris.
Père Firmin Kouassi, SMA,
Coordinateur JPIC, Liberia.
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