« Il vient et il les trouve en train de dormir ; il dit à Pierre : « Simon, tu dors ! Tu n’as pas eu la force de veiller une heure ! Veillez et priez afin de ne pas tomber au pouvoir de la tentation. L’esprit est plein d’ardeur, mais la chair est faible » (Mc 14, 37-38).
Simon, et non Pierre : c’est ainsi que Jésus appelle son apôtre. Dans la note u de la TOB sur ce passage, on affirme : « Il y a une intention manifeste dans cet emploi du prénom que Pierre portait avant d’être disciple : ne pouvoir s’associer une heure à la veille du Christ en agonie n’est pas digne du disciple Pierre ».
« Il (Jésus) est abandonné de tous, même des apôtres, qui l’avaient suivi et qui dorment au lieu de veiller à sa garde, n’ayant pas même une parole de consolation quand il se plaint doucement à eux de leur insouciance. Ils ne répondent rien et lui, tout couvert encore de sueur et de sang, se sert de leur indifférence même pour leur donner une salutaire leçon : “Veillez et priez afin de ne pas tomber au pouvoir de la tentationˮ » (De Brésillac, Retraite aux miss., p. 210).
« Jésus fait l’expérience de la solitude subie, où l’idée même d’une consolation devient un luxe. Dans cette nuit froide à Gethsémani, Jésus est abandonné. Chez Mgr de Brésillac, ce mot « abandonné » reviendra comme un appel pressant à la mission après la fin de sa mission à mi-teinte en Inde: « Aller vers les plus abandonnés ».
Je n’oublierai jamais la réaction d’un confrère sur l’insistance de notre équipe de formation de mettre au cœur des étudiants que la mission de la SMA était d’aller vers les plus abandonnés. Il dit: « Le plus abandonné, c’est Jésus Christ ! » Sommé d’en dire plus, le confrère expliqua en effet que Jésus, dans le saint sacrement, restait seul la plus part de temps. Il me semble bien à propos de relever, non seulement pour ce temps de carême, cette remarque judicieuse en faveur de plus abandonnés,
L’expression « Le plus abandonné, c’est Jésus-Christ » corrèle l’expression « Jésus est dans les plus abandonnés ». Une des saintes les plus populaires de notre temps, Mère Teresa de Calcutta, a bâti toute sa vie et sa spiritualité là-dessus. L’autre grand saint que nous avons connu, Jean-Paul II, a eu cette formule heureuse pour mettre ces deux dimensions ensemble : « Le missionnaire est un contemplatif en action ». Mais, pour avoir la force de rencontrer Jésus dans les plus abandonnés, il ne faut pas que Jésus soit le plus abandonné pour le missionnaire. C’est le face à face quotidien avec le Seigneur et l’écoute de sa parole qui ouvre les yeux pour le voir, le servir dans le malade, l’étranger, le prisonnier, … et éviter de tomber dans la tentation du découragement ou d’une auto-exaltation pour ses réussites.
Dans ce texte, il est bon aussi de souligner la bienveillance de Jésus vis-à-vis de son disciple défaillant. Au lieu de le tempêter contre son abandon, Jésus lui refait confiance et les recadre tous: « Veillez et priez afin de ne pas tomber au pouvoir de la tentation« . Aujourd’hui encore, quels qu’aient été nos sommeils, trahisons, insouciances ou indifférences, Jésus ne renie pas pour autant son choix sur ceux qu’il a appelés. Au contraire, il investit encore en eux sa confiance et leur exprime ses attentes: « Veillez et priez avec moi pour que le règne du Père arrive ».
QUESTION : Saurons-nous le suivre en cette semaine sainte ? ».
Seraphin Kiosi, SMA Congo RD, Chaponost, France
Articles précédents :
– 11 – Je ne connais pas l’homme
– 10 – Maître, nous voudrionsaître, nous voudrions
– 9 – L’Esprit Saint viendra sur toi
– 8 – Nous avons tout laissé pour te suivre
– 7 – Vous n’avez pas encore la foi
– 6 – Qui est le plus grand
– 5 – Éprouvez les esprits pour voir s’ils sont de Dieu
– 4 – Comme les Apôtres… Remplis d’Esprit Saint
– 3 – Comme les apôtres… Allez donc, de toutes les nations…
– 2 – Comme les Apôtres… en communion avec le Christ qui nous envoie …
– 1 – Comme les Apôtres… à la suite de Jésus, l’envoyé du Père …
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