Echo d’une nuit à Montferrier

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Echo d’une nuit à Montferrier
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montferierNotre maison de retraite de Montferrier où, le plus souvent, les jours s’écoulent paisiblement a été soudain placée sous les feux de l’actualité. Dans la nuit du Jeudi 24 novembre, quelqu’un s’est introduit chez nous

et a agressé violemment une de nos veilleuses de nuit ; l’ayant ligotée, baillonnée et battue, il lui a tenu des propos qui laissaient penser qu’il pouvait commettre l’irréparable. Il était autour de 21 heures 30. Cette employée a réussi à se libérer de ses liens et à venir frapper à la porte du père Rassinoux. Tous les deux ont appelé la gendarmerie en demandant d’intervenir d’urgence. Pendant ce temps, l’agresseur est descendu à la buanderie où travaillait la seconde veilleuse de nuit. Vers 22 heures 30, nous avons su qu’elle avait été assassinée sur son lieu de travail.

Le dispositif de la gendarmerie a alors pris toute son ampleur. D’autres unités sont arrivées des brigades environnantes. Et bientôt le RAID a débarqué chez nous ainsi que toutes les personnes impliquées dans ce qui pouvait, à cette heure-là, apparaître comme un attentat terroriste. A ce moment-là, il y avait peut-être, à l’entrée de notre maison, plus de 30 véhicules de police.

Une question se posait : qui était cet homme ? Où se cachait-il ? Etait-il encore dans la maison agressant des résidents ? Il fallait sécuriser le bâtiment et neutraliser l’agresseur s’il était encore là. Les gendarmes sont alors entrés dans la maison avec précaution, mais aussi avec détermination. Les portes qui ne s’ouvraient pas ont été forcées. La plupart des résidents ont pu ouvrir leur porte avant qu’elle ne soit enfoncée. Autour de 2-3 heures du matin, la maison était sécurisée.

L’évacuation de tous les résidents a un moment été envisagée. Mais cette idée a été assez vite abandonnée lorsque les pompiers et la Croix-Rouge ont compris que beaucoup de résidents devaient être totalement pris en charge pour se déplacer. Après avoir reçu la visite de notre directrice, la plupart ont donc continué leur nuit paisiblement, ignorant totalement ce qui se passait.

Pendant que les inspecteurs recherchaient les moindres indices dans la maison, d’autres partaient à la recherche de l’agresseur aidé par un hélicoptère équipé d’une caméra thermique. Une voiture abandonnée sur un chemin derrière chez nous a permis d’identifier un suspect puisque les papiers du propriétaire étaient à l’intérieur. On apprenait un peu plus tard qu’il avait été employé dans notre établissement voici une quinzaine d’années. Vingt heures plus tard, dans l’après-midi du vendredi 25 novembre, il a été appréhendé près de chez lui, fatigué après une nuit de cavale.

Cela a eu lieu voici déjà 7 jours, et depuis la vie a repris son cours. Les gendarmes ont peu à peu levé le camp. Mais des patrouilles repassent régulièrement nous visiter jour et nuit pour redonner confiance. Car le souvenir de cette nuit est bien là et, si la plupart des résidents ont repris leurs habitudes, notre personnel a beaucoup de peine à retrouver la paix. Le traumatisme est grand, car certains se disent : ça aurait pu être moi. Il faudra du temps pour que l’émotion s’apaise. J’ai beaucoup perdu de mon énergie , me disait ce matin une employée qui nettoyait les couloirs. Heureusement, une cellule psychologique est là qui accueille celles et ceux qui le désirent.

Vous avez suivi ces événements presqu’en même temps que nous puisque, dès 23 heures, la télévision diffusait des images en direct. Et ce qui nous a frappés, c’est la rapidité des réactions. Au cours de la nuit, nous avons reçu des appels, souvent téléphoniques, venus d’un peu partout, certains de l’autre bout du monde. Ils nous apportaient tous votre amitié et votre compassion. Nous sentions que nous n’étions pas seuls. Une immense chaîne de solidarité par internet s’est mise en place qui a duré plusieurs jours et qui m’a beaucoup impressionné. Et c’est un grand merci qui jaillit de mon cœur. Dans le même temps, beaucoup de membres de notre personnel informés de la situation sont venus en pleine nuit pour offrir leur service. Ils n’ont pu monter jusqu’à la résidence, car tous les accès étaient bloqués.

Actuellement, nos veilleuses de nuit ne peuvent plus assurer leur service. Mais d’autres maisons de retraite nous envoient du personnel pour les remplacer. D’autres mettent à notre disposition leur buanderie pour laver le linge, car la nôtre est sous scellés pour sans doute un temps assez long. Là aussi, la chaîne de la solidarité a été et reste très efficace.

Jeudi soir, 1er décembre, une célébration de recueillement et de prière a réuni à la chapelle les résidents et le personnel. Nous avions besoin d’être ensemble et de nous redire que nous formons une seule famille. Le père Jean-Pierre Michaud a évoqué le souvenir de Cathy ; nous l’avons remercié pour ses dix ans de service dans la maison. Elle était souriante, douce, discrète et les plus malades s’en souviennent bien. Nous avons prié pour elle et pour sa famille. Nous voulions vivre ensemble ce moment d’unité, d’amitié et de reconnaissance à l’égard de tous ceux qui sont chaque jour avec nous pour nous aider à vivre nos derniers jours dans la paix et la sécurité. Nous voulions surtout les réconforter et leur dire combien ils comptent pour nous, même si quelquefois notre comportement les étonne et les choque. Ce moment de paix nous a aidés les uns les autres à garder l’espérance.

André Moriceau, sma

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Message du Conseil Provincial

Devant un drame comme cet évènement tragique de la Maison de Montferrier, nous nous trouvons désemparés et impuissants, notre seule arme est la prière, expression de notre solidarité et fraternité. Le Conseil provincial vous invite à prier personnellement et communautairement pour Catherine, victime malheureuse de cette agression et sa famille, pour l’aide-soignante blessée et tout le personnel de notre maison des Chênes verts profondément affecté par ces évènements. Prions aussi pour l’agresseur et sa famille.

Que le Seigneur nous aide à soigner les blessures morales et physiques des uns et des autres.

Le Conseil provincial

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