Liberia : Vivre en temps d’Ebola. Témoignage du Père Désiré SALAKO

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Liberia : Vivre en temps d’Ebola. Témoignage du Père Désiré SALAKO
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P. Desire SalakoJe suis rentré au Libéria par un long détour par Casablanca, des heures de vol et d’attente : mais « le jeu valait cette chandelle ». Je suis enfin en paix de retrouver les miens.

Sincèrement du fond de mon cœur, les gens auprès de qui il faut être aujourd’hui, ce sont les Libériens, mais après chacun pourra apprécier. De mon appréciation, ici et là-bas – je veux dire à l’intérieur et à l’extérieur du Libéria – chacun et tous parlons à partir d’un endroit. Je vous résume les enjeux.

Il y a d’abord les autorités politiques administratives qui ne veulent pas jeter l’opprobre sur le pays, parce qu’en le faisant, le pays n’attirerais plus : c’est par exemple la position de la présidente de la République, qui est d’ailleurs passée hier à Sanniquellie, à qui nous avons parlé et qui nous a parlé. Elle est passée dans notre clinique.

Il y a ensuite la position des autorités locales qui nourrissent la psychose, parce que pour un malade, il y a des primes ; pour un mort, encore davantage : certains – et ceci un peu partout dans le pays – sont en prison pour avoir surfacturé ou détourné les biens destinés aux malades, aux « mis en quarantaine » ou aux familles des victimes.

Il y a aussi la position des pseudo-héros, qui entretiennent le mystère ou carrément peignent le pays en noir : ils se présentent comme les seuls pouvant restés et être avec les Libériens : c’est de bonnes guerres, cela paie et la peinture de la situation se vend à l’intérieur et surtout à l’extérieur du pays. Dans cette catégorie, nous trouvons tout le monde. Nous pouvons trouvons aussi des religieux, souvent ceux qui sont en contact avec l’extérieur du pays.

A vrai dire, nul n’est à l’abri et le risque est partout aujourd’hui sur la terre. Partout et pour longtemps, il faudra être prudent : de simples gestes de propreté doivent être observés – comme par exemple se laver souvent les mains.

La psychose est plus grande à l’extérieur du Libéria. La stigmatisation affaiblit les membres rescapés des familles. Le mal est certainement imprévisible : il y a des pics non attendus et probables, mais Ebola ne cherche pas, et nous ne cherchons pas Ebola.

Pour moi, pour nous qui avons la chance d’être ici aujourd’hui, nous devons avoir ce devoir de vérité à l’endroit des gens qui sont loin – ceci au nom de Dieu à l’œuvre, par respect pour les malades et les victimes. Nous sommes des missionnaires, habitons ce que nous sommes. Nous ne sommes pas seulement des missionnaires des temps de paix. Priez pour nous.

Désiré Salako, Missionnaire au Liberia

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