Depuis plusieurs mois, les medias nous parlent des nombreux décès causés par le virus Ebola en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale. Le Liberia où la SMA est installée depuis 1906, a été particulièrement touché par le virus. Aujourd’hui, des confrères sma venant d’Angleterre, de la République du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Nigéria, du Togo et du Liberia y travaillent.
Il apparait très difficile de contrôler la propagation de ce virus, lequel a déjà fait des milliers de morts. Les personnes infectées ont seulement entre 10 et 15% de chance de survivre si elles reçoivent un bon suivi médical. Mais, si elles restent à la maison, le taux de décès avoisine les 90%. La pauvreté des infrastructures médicales est un vrai facteur aggravant aussi bien au Liberia qu’en Sierra Leone et en Guinée. Á Monrovia, beaucoup d’hôpitaux sont incapables de fonctionner normalement.
Après la déclaration d’État d’Urgence par la Présidente Ellen Johnson Sirleaf, la libre circulation des véhicules a été restreinte dans le pays et certains endroits ont été mis en quarantaine. Á Bomi même, quelques maisons ont été mises en quarantaine par les militaires, si bien que personne ne peut plus y entrer ni en sortir. Le poste de contrôle de Klay est fermé à tout trafic commercial afin d’arrêter la propagation du virus qui se répand plus vite qu’on l’avait prévu.
Voici le témoignage du Père Gary, ce pasteur qui a été 42 ans au service des gens dans cette région du Liberia : « L’état de tension continuelle est le plus difficile à vivre. On entend les gens dire que c’est encore plus éprouvant que les longues années de guerre parce qu’avec Ebola, l’ennemi est invisible« . Ici, à Bomi beaucoup de gens ont peur d’aller visiter leurs malades dans l’hôpital du Gouvernement, là où des cas d’Ébola ont été confirmés. La clinique Amadiya est fermée. Nous-mêmes avons fermé notre petite clinique le 29 juillet pour en protéger le personnel et nous-mêmes car la clinique est proche de notre église et de notre presbytère ; en plus, Jane et Moses qui sont avec nous depuis la guerre, ne sont ni formés ni équipés pour faire face à un cas suspect d’Ébola. Jusqu’à ce jour, Dieu merci, dans la mission personne n’a eu une attaque de paludisme ou de typhoïde ». Sur le plan pastoral, afin de protéger tout le monde, nous avons pris des précautions que l’on peut qualifier de sévères : – Nous avons suspendu la visite des villages. Un tel scénario est bien pénible ; dans notre ministère, on ne peut guère témoigner que par la prière et l’amour et non par l’action. Un simple incident nous montre combien on doit toujours prendre des précautions… Un de nos paroissiens avait remarqué un jeune homme malade assis entre l’école et la mission. Son père, gardant sa distance expliqua qu’ils étaient venus de 40 km sur le porte bagage d’une moto. Son fils avait très mal au dos après avoir fait un gros tas de charbon de bois. C’est un travail très pénible où l’on respire continuellement une épaisse fumée. On leur a dit que notre clinique était fermée et qu’ils devaient quitter la mission et se tenir à l’extérieur du portail. Immédiatement après leur départ, nous sommes allés jeter de l’eau javellisée là où le jeune homme s’était tenu et le portail d’entrée a reçu le même traitement au cas où. Comme il est demandé, on est allé à la police pour déclarer ce cas. On y a appris que le jeune et son père avaient essayé d’aller vers une autre clinique de la ville. Les militaires du point de contrôle Klay nous ont confirmé qu’ils les avaient renvoyés chez eux parce que le jeune homme était malade. Maintenant, ils se servent de thermomètres à télécommande pour empêcher les malades d’entrer à Monrovia. » |
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