Boko Haram: Portée et limites de l’intervention étrangère

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Boko Haram: Portée et limites de l’intervention étrangère
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Nous publions une lettre du cardinal John Onaiyekan, archevêque d’Abuja écrite de Rome le 11 mai 2014 au sujet de l’intervention étrangère contre Boko Haram suite à l’enlèvement tragique des filles de l’école secondaire de Chibok au Nigeria.

Ce “crime inadmissible”
Le drame tragique des filles de l’école secondaire de Chibok, État de Borno, enlevées et aux mains de Boko Haram a choqué le monde entier. Cela a provoqué une attention malsaine des médias mondiaux sur notre nation. Cela a donné beaucoup de publicité à Boko Haram, une publicité qu’ils ont toujours recherché mais qui, dans ce cas peut-être, est allée au-delà de ce qu’ils ont négocié et qui peut maintenant se retourner contre eux. Ce “crime inadmissible”, pour utiliser un langage peu familier de Mme Obama, a pour le moins, mis en lumière notre gouvernement sous un très mauvais jour. Que ce verdict soit mérité ou non, le gouvernement doit faire quelque chose de visible sur cette crise, et rapidement. Ceci explique peut-être pourquoi le gouvernement accepte l’aide de divers pays étrangers, des Etats-Unis à la Chine, de la France à Israël. Comme tout Nigérian, je suis attristé et honteux. Mais il semble clair que nous avons atteint un stade où nous devons ravaler notre fierté et arrêter de nous vanter et faire semblant d’être ce que nous ne sommes pas.

Il en va de l’intérêt de la communauté internationale
En soi, il ne devrait pas y avoir de mal à chercher et à accepter l’intervention étrangère, surtout depuis qu’il est maintenant clair que la secte Boko Haram a des connexions internationales. Ce n’est donc plus seulement une question “d’aider le Nigeria”, Il en va de l’intérêt de la communauté internationale à s’unir avec le Nigeria pour faire face à ce dangereux virus qui infecte et attaque l’ensemble de la communauté internationale.

La secte Boko Haram tue, kidnappe et commet des attentats
Jusqu’à présent, nous avons entendu beaucoup sur l’action militaire. Dans la mesure où la secte Boko Haram tue, kidnappe et commet des attentats, l’intervention doit être efficace et appropriée. Mais il y a une limite à l’action militaire seule. Il suffit d’imaginer le dilemme terrible de sauver 200 jeunes filles, des mains de terroristes lourdement armés, et les ramener à leurs familles, saines et saufs. La complexité du phénomène Boko Haram appelle donc à une action et à une attention coordonnées à différents niveaux et dans divers domaines. Les enjeux politiques et socio-économiques sont bien du ressort de notre nation, si seulement la volonté politique nous permettait d’agir ensemble dans le respect des forces politiques et ethniques pour sauver notre nation.

Ce crime viole les dispositions du Coran et de la Sunna
Mais
la secte Boko Haram tue, kidnappe et commet des attentats à qui, à mon avis, on n’a pas été accordé suffisamment d’attention. C’est là, je crois, que nous devrions accueillir avec une profonde gratitude les messages forts de solidarité et la condamnation vigoureuse de la secte Boko Haram par la communauté islamique mondiale au plus haut niveau. L’Académie Islamique de Fiqh, basée en Arabie saoudite, a déclaré : « Ce crime et d’autres crimes commis par les organisations extrémistes contredisent tous les principes humanitaires et les valeurs morales, et violent les dispositions du Coran et de la Sunna « .

C’est une déformation grossière de l’islam
L’OCI (Organisation de la coopération islamique), un organisme bien connu de nous ici au Nigeria, a exprimé avec force sa condamnation, à travers la “Commission indépendante des droits de l’homme” (CIRH). Voici un extrait du communiqué, publié depuis son siège Jedda : « Le CIRH est très attristé par l’affirmation erronée de la secte Boko Haram prétendant que l’enlèvement des filles et menace de les vendre comme « esclaves » est en conformité avec les directives de l’islam. Ce n’est pas seulement une violation du droit international et des droits de l’homme, mais aussi une déformation grossière de l’islam, qui enjoint ses partisans à poursuivre ses recherches dans la connaissance. La Commission se joint à la communauté internationale pour condamner sans équivoque l’acte barbare… et demande instamment aux dirigeants de Boko Haram de libérer immédiatement les jeunes filles enlevées pour leur permettre de rejoindre leurs familles et de poursuivre leurs études. »

C’est un bon signe
Avec de telles déclarations à ces niveaux élevés de l’islam, il n’y a plus de place pour tout musulman ou qui que ce soit au Nigeria de servir d’alibi, d’excuse ou de justification concernant les «crimes inadmissibles » de Boko Haram. Je crois que de telles déclarations puissantes sont également très encourageant pour nos nombreux musulmans qui ont parlé haut et fort contre les terroristes, se mettant parfois en grand danger. Nous pensons à ces imams qui ont été pourchassés et assassinés par Boko Haram parce qu’ils ont prêché contre leurs activités démoniaques. C’est un bon signe que de nombreux musulmans nigérians aient fait des déclarations similaires. Il est temps pour nous tous d’appeler les membres de Boko Haram par leur nom, « bigots stupides, personnes égarées déguisées en adeptes de l’islam » – comme le général Buhari les a décrits récemment.

Trouver la force de faire chorus
On peut penser que ces organisations islamiques mondiales pourraient aller plus loin que la simple publication de condamnation. Elles pourraient faire plus pour soutenir les efforts des musulmans nigérians dans leur engagement à décourager et stopper la radicalisation et toutes les formes d’extrémisme dans la communauté musulmane du Nigeria. Pourraient-elles inciter également les supporters étrangers et les inspirateurs de nos terroristes à nous laisser en paix ? Qu’en est-il faciliter le dialogue avec Boko Haram?
Enfin, je crois que nous, chrétiens, en dépit de toutes les blessures dont nous avons souffert, devrions résister à la tentation de faire la sourde oreille à ce que le monde musulman nous dit. Le pape et l’archevêque de Canterbury ont entonné le même chant de paix que les dirigeants musulmans. Ceci est significatif. Musulmans et chrétiens au Nigeria doivent trouver dans leur cœur la force de faire chorus. Quand les filles seront de retour à la maison et quand la secte Boko Haram sera désarmée, (je dis « quand » pas « si ») il restera le travail difficile du dialogue, de la réconciliation, du pardon mutuel et de la paix, et la force de la religion sera encore plus nécessaire. Cela exigera que les communautés religieuses se donnent la main et invoque Dieu qui prend soin de nous tous. C’est alors que il se pourrait bien que cet épisode horrible, comme le croit le président Jonathan soit « le début de la fin de la terreur au Nigeria ».

Que Dieu bénisse le Nigeria et ramène à la maison nos filles.

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