Jean-Baptiste Traoré, sma, missionnaire au Bénin, est venu passer quelques jours en Côte-d’Ivoire, son pays d’origine. Il nous dépeint quelques belles scènes de vie de sa région.
Remerciez avec moi le Seigneur parce que la Côte d’Ivoire retrouve petit à petit sa quiétude. En ce qui concerne mon séjour en Côte-d’Ivoire, il a été court mais riche. Riche de la chaleur des retrouvailles d’amis et de parents après deux ans passés en mission, riche enfin en évènements.
Alliance à la plaisanterie
Je suis arrivé chez moi à Tengrela (à l’extrême nord de la Côte d’Ivoire) à un moment où un arrêt des pluies inquiétait les cultivateurs. Cela n’a pas altéré cependant l’humour qui caractérise dans notre culture les gens de même génération d’âge. Cette alliance à plaisanterie existe non seulement entre personnes de même âge, mais aussi entre certains groupes de personnes de patronymes différents ayant partagé au cours de l’histoire un ou des évènement (s) fort(s). Ma longue absence n’a pas empêché les gens de sacrifier à cette tradition dès qu’ils m’ont vu. Certains allaient jusqu’à me dire de leur montrer des signes venant du ciel, moi l’homme de Dieu. Ce signe qu’ils attendaient n’était autre que la pluie.
Quand est-ce que l’être humain sera enfin satisfait ?
En effet, dans cette région encore majoritairement attachée aux croyances traditionnelles, on recourt facilement aux anciens cultes en cas de désastre ou autres situations difficiles. Ils disaient avoir immolé poulets et cabris aux différentes divinités sans succès. C’était la partition de « l’homme de Dieu » qu’ils attendaient maintenant. A ce genre d’humour qu’il ne faut jamais laisser sans suite, je leur ai alors promis la pluie. Et tenez-vous bien!! C’est comme si le Bon Dieu voulait aussi s’amuser avec nous ce jour-là, comme s’il était attiré lui aussi par notre humour! La pluie a commencé dans les jours qui ont suivi et a atteint même des proportions qui commençaient à inquiéter les gens. D’autres ont demandé encore à « l’homme de Dieu » de faire stopper la pluie. Quand est-ce que l’être humain sera enfin satisfait ?
Soirée entre amis autour du thé
Chaque soir malgré le dur labeur des travaux champêtres effectués au cours de la journée, j’avais tout un cercle d’amis venus “me saluer”. Ces types de soirées se passent sur des nattes, tabourets ou chaises en bois à la belle étoile autour d’un peu de thé vert de chine que d’aucuns appellent » thé mauritanien » à cause de notre proximité des pays sahéliens comme le Mali et la Mauritanie où ce genre de breuvage est particulièrement prisé. Ces genres de rassemblements se prolongent souvent jusqu’aux environs d’une heure du matin si le ciel est clément. C’est l’occasion pour moi de connaître certains des nombreux évènements qui se sont passés en mon absence. Cela me permet de m’imbiber encore de ma langue locale que je n’ai pas pratiqué depuis trop longtemps.
Un sandwich aux chenilles grillées
Je suis allé à Ferké (environ 265 km de chez moi) pour prêcher à la Messe de prémices de P. Silué Jean Paul, SMA. De là, un voyage éclair au Burkina Faso pour rencontrer Mgr Paul Ouédraogo de Bobo Dioulasso. Là, j’ai pu savourer à l’autogare un sandwich particulier ! Un pain bourré de chenilles frites de l’arbre de karité, un met bien prisé chez nous et qui tend à disparaître. Il a fallu ce voyage providentiel au Burkina pour que je retrouve un peu de mon passé.
Continuez à prier pour la Côte-d’Ivoire
Si je devais vous faire une dernière requête, c’est de continuer à prier pour la Côte d’Ivoire malgré la quiétude qui s’installe et les investisseurs aussi. Il faut reconnaître que l’insécurité règne toujours à cause de certains combattants et miliciens qui se sont dispersés dans la nature avec leurs armes. Ils constituent désormais des gangs armés qui volent et braquent les voyageurs.
Une milice traditionnelle les Dozo
Dans les zones comme la nôtre, on est même arrivé à admettre les « dozos » aux côtés des forces régulières pour contenir l’insécurité qui s’est installée après l’arrêt officiel de la crise post électorale. Un mot sur les « Dozo ». Ils constituaient au départ une milice traditionnelle armée et qui pourvoyait la communauté en viande de brousse. C’était donc une milice de chasse et de défense de la communauté contre les attaques, contre les conquérants. À cette première fonction de chasseur et de défenseur, on peut ajouter une autre qui est celle de guérisseur. En effet certains sont experts en phytothérapie. À ces rôles officielles, les légendes leurs attribuent des pouvoirs mystiques. Voilà ce qui fait de cette confrérie une des plus craintes et respectées. Alors prions pour que ce pays retrouve sa joie et sa gloire d’antan. Merci d’avance.
P. Traoré Nabaha Jean Baptiste, SMA
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