Le Père Francis Rozario, conseiller général, est venu à Lyon car il est en charge du smamediacenter. Cela lui a donné l’occasion de visiter les résidents de la maison du 150. Parmi eux, se retrouvent plusieurs personnes qu’il a rencontrées dans différents pays : deux de ses formateurs, le Père Gilles Babinet et Daniel Mellier, d’autres ont fait leurs études avec lui, Éric Makaya, Lawrence Chinnappan et André N’KOY, et enfin celui qui a été son étudiant : Jean-Paul Kpatcha. Cela fait trois générations rassemblées, c’était beau à voir. Nous avons recueilli son témoignage :
À mon entrée dans la SMA, j’ai fait mes études de philosophie en Inde, je suis allé aux Philippines pour l’année spirituelle et mon stage en Égypte car il n’y avait pas de place au Bénin. Après le stage, je suis allé en Côte-d’Ivoire pour la théologie pour quatre ans. Ce temps a été fort pour moi, car cinquante pour cent de mon temps était consacré à la pastorale avec la visite des malades, la Caritas, l’animation de CEB (Communauté Ecclésiale de Base) et enfin Justice et Paix.
Jeune missionnaire
Après mon ordination, je devais aller au Bénin, mes bagages m’avaient précédés, mais au dernier moment, on m’a envoyé au Nigeria dans le vicariat de Kontagora. Kontagora est à la hauteur de Niki au Bénin. J’ai vécu trois ans dans cette région, nous avions 36 stations secondaires, à mon départ, on en comptait une cinquantaine. À cette époque, il n’y avait qu’un seul prêtre indigène et celui-ci est devenu évêque l’an passé. C’est une région où la population est semi-nomade dû essentiellement au manque d’eau, nous avons donc creusé beaucoup des puits avec l’aide des paysans. De janvier à mai, les agriculteurs ne cultivent pas et sont donc disponibles pour la formation. Les jeunes viennent à la paroisse pendant trois mois, et là, ils apprennent à lire à écrire et reçoivent une formation complète en catéchèse et animation. Au bout de trois ans, leur sont donnés les sacrements, l’an passé, ils étaient six-cents. Ensuite, j’ai été envoyé à Rome pour étudier l’écriture sainte pendant quatre ans à la Institut Biblique Pontifical (Biblicum) et j’ai été nommé dans notre maison de formation au Nigeria, en même temps j’ai enseigné l’Écriture Sainte au grand séminaire d’Ibadan où étudient 700 séminaristes, chaque classe abrite 80 à 100 élèves. À notre dernière assemblée générale, j’ai été élu conseiller. Voilà mon parcours, je ne peux pas dire, comme les anciens, que j’ai vécu trente ans ici ou trente ans là-bas ! Je n’ai que dix ans de sacerdoce.
L’Assemblée GénéraleCette assemblée a apporté quelque chose de nouveau. Les dix premiers jours ont été consacrés à la mission. Avec les nouvelles entités, le souci portait sur l’expansion de la SMA, les dernières vingt années l’attention a été mise sur la stabilisation et la construction ; aujourd’hui nous avons une vingtaine maison de formation et beaucoup de maison d’administration. La SMA pense que nous avons assez construit. Nous n’allons pas nous investir dans de nouveau pays ou nouvelles grandes structures. L’Assemblée a voulu se recentrer sur la Mission et stabiliser les nominations qui ont foisonnées ces dernières années qui ont été néfastes pour la stabilité. Nous voulons promouvoir les engagements et les nominations à long terme. Nous cherchons la stabilisation et nous visons aussi à l’autosuffisance des nouvelles entités sans pour autant oublier notre priorité d’aller vers les plus pauvres et les plus abandonnés. Avant le conseil plénier de 2014, chaque supérieur régional doit déterminer les lieux de priorité pour lesquels on va s’investir, et l’on établira alors un programme à long terme.
S’investir dans la formation permanente du clergé local
Dans le passé, la SMA s’est investie dans l’établissement du clergé local. Les Églises sont maintenant bien implantées, quel est donc notre rôle aujourd’hui ? L’assemblée a conclu que le besoin n’est plus dans la formation initiale il y a de nombreux séminaires et professeurs, mais dans la formation continue du clergé diocésain. Ensemble avec les conférences épiscopales et les autres congrégations, la SMA peut aider à implanter de telles structures. Nous pouvons collaborer pour la formation continue des prêtres et religieuses. Si nous ne le faisons pas, alors nous verrons l’Église que nous avons bâtie, étioler. Aujourd’hui le syncrétisme se développe dans beaucoup de pays africains ainsi que de nombreux extrémismes comme les possessions, les envoutements, cela naît bien souvent de l’ignorance. La SMA est invitée à s’investir là dedans et ne doit pas avoir peur de collaborer avec les psychiatres, les médecins, ceux qui font de l’accompagnement et les exorcistes. Nous devons tous travailler en équipe pour distinguer les problèmes car un problème psychologique n’est pas à confondre avec un problème spirituel et inversement. C’est un travail nouveau pour la SMA. Certains de nos pères se sont investis dans ces domaines, mais aucune assemblée n’avait abordé ce sujet.
Simplification des structures de la SMAUne autre nouveauté de cette Assemblée, c’est l’option de simplification des structures de la SMA en réduisant les administrations parallèles. Par exemple, un confrère d’une entité ne sera plus « prêté » à une autre entité pour un travail donné, ce sera un projet porté par la SMA tout entière et c’est le conseil général qui va coordonner cela. Quand un membre d’une entité travaillera dans une autre entité, il dépendra de l’entité qui l’accueille. Concernant l’Afrique, il y a maintenant un conseil élargi composé du supérieur de districts et de tous les régionaux de la zone, c’est lui qui prendra les décisions et fera les nominations. Mais c’est le conseil général qui coordonne le transfert entre les entités. Si un Indien est nommé au Nigeria, il devient automatiquement membre secondaire du district de la Baie du Bénin. Son déplacement au Nigeria se fait avec l’accord du Généralat. Mais son déplacement à l’intérieur de la Baie du Bénin, se fait en accord avec le conseil élargi.
Des formateurs pasteurs
Le conseiller chargé de la formation sera épaulé par un comité de formation avec une personne à plein temps, chargé de coordonner et de suivre les différentes maisons de formation de la SMA. L’assemblée a insisté pour que les formateurs qui accompagnent les séminaristes sma, soient de véritables pasteurs et pas seulement des enseignants. S’ils sont de bons pasteurs, ils deviennent des modèles pour les jeunes. C’est seulement dans le CFMA que nous investirons des professeurs. Cela change donc notre vision pour la recherche de formateurs, nous avons besoin de cinquante formateurs. Nous adressons un appel à nos communautés d’anciens, pour qu’ils puissent s’engager, quelques mois dans une année, comme pasteurs auprès de nos étudiants. Quand je me trouve en face de missionnaires qui ont vécu de nombreuses années en Afrique, je suis comme dans une bibliothèque au milieu d’encyclopédies. J’aimerais que nos « vieux » puissent écrire ce qu’ils ont vécu en guise de témoignages pour les jeunes. Les membres des nouvelles entités ont besoin de découvrir nos aînés, mais pas seulement eux, tout jeune a besoin d’être évangélisé, les écrits peuvent y contribuer.
propos recueillis par Gérard Sagnol, sma
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