Chers amis,
Voici la première d’une série des chroniques que je me propose de vous adresser, dans la mesure du possible, pendant mon séjour d’un mois en Côte d’Ivoire. J’intitule ces chroniques, « Coup d’œil sur la Côte d’Ivoire ».
Je pars de mon domicile strasbourgeois de 4 rue Le Nôtre à 8h20, accompagné par Joseph Marie, un prêtre camerounais appartenant à une fraternité française (dont le nom m’échappe à présent), actuellement en séjour d’études à Strasbourg. Destination Strasbourg Gare Centrale pour embarquer à bord du TGV Air France pour Paris Charles de Gaule. La compagnie française a supprimé ses liaisons aériennes Strasbourg-Paris et les a remplacées par un train. L’enregistrement s’effectue sans bousculade. J’étais le seul passager jusque-là arrivé pour un départ annoncé à 9h40. J’avais donc devant moi une heure d’attente en gare.
Un petit reportage sur le pays
Je voyage pour la Côte d’Ivoire pour y passer un mois dans la paroisse Sts Martyrs de l’Ouganda de Soubré dans le diocèse de San Pedro. Je suis invité par un ami, l’Abbé Antoine Ballo Wakeli qui fit son stage diaconal avec nous à Tabou et à Grabo en 2007. J’en profiterai, sur demande du Père Dario Dozio, Supérieur régional SMA de Côte d’Ivoire, pour réaliser un petit reportage sur le pays, notamment sur les activités de certains Pères SMA, et sur celles de l’Abbé Antoine à Soubré.
Le frère Joseph est rentré après m’avoir procuré une pièce d’un euro au cas où j’en aurais besoin pour débloquer un chariot à Paris. Moi je me dirigeai à l’espace Relax où j’achetai le dernier numéro du Magazine Jeune Afrique, un journal que j’affectionne bien. Ce numéro spécial, 2732 du 19 au 25 mai 2013 traite du 50ème anniversaire de l’union africaine. J’apprends que le prochain sommet, le 21ème après un demi-siècle, se tiendra ce week-end à Addis-Abeba.
Rétrospective de ces cinq décennies
Je parcoure avec intérêt la rétrospective de ces cinq décennies. L’union africaine, une institution en mouvement ? Mais de quel mouvement s’agit-il ? Les années soixante sont marquées par la vague positive de décolonisation ; les années septante et quatre-vingt par la montée en puissance des monopartismes politique et syndical, ainsi que par des coups d’Etat à répétition, certains aboutissant à de grandes guerres civiles comme en Angola. La chute du mur de Berlin en 1990 sonne la fin de la guerre froide et l’ouverture en Afrique, des processus démocratiques. C’est l’ère de multipartisme. La fin de l’apartheid en Afrique du sud et l’accession de Nelson Mandela au pouvoir ont donné l’élan d’une volonté plus forte de l’Afrique à affirmer son autodétermination.
Laboratoire d’extrémisme religieux
Mais le déclenchement du génocide des Grands-Lacs (que l’on dit génocide rwandais) démontre que l’Afrique reste un continent à découvrir et à explorer. Elle est encore impuissante à relever les défis de l’attente entre les nations, du vivre-ensemble communautaire au-delà de tout clivage ethnique, de la sécurité sociale et de la pauvreté. Cette fragilité entretient depuis les années 2000, un sentiment d’impérialisme occidental et de montée en puissance de l’hégémonie chinoise pour assurer le contrôle des ressources minières. Pour compliquer encore sa situation, l’Afrique est entrain de se transformer en laboratoire d’extrémisme religieux, qu’il soit d’origine islamiste ou chrétienne.
Une célébration de plus
Ce qui me chagrine dans tout cela, c’est que l’union africaine reste encore une institution politique, un club de patrons des Etats africains. Une fois encore, ce sont les politiciens qui vont faire leur show. On parle des guest-stars politiques annoncés pour l’évènement : Barack Obama, François Hollande, Dilma Rousseff, etc. Le plus grand absent sera sans doute l’Afrique elle-même. Une célébration de plus !
Des « margouillats » à Charles de Gaulle
Le transfert à Charles de Gaulle s’est effectué sans incident malgré un retard de 6 minutes qui a « bouffé » mon temps d’escale déjà très court pour la correspondance sur Abidjan. 35 minutes au total pour déposer mes bagages et pour traverser les barrières douanières. Un prêtre Irlandais en col romain me salue en anglais, se présente et veut s’arrêter pour discuter. – Excuse me, I am getting late !-, lui dis-je. Plus loin, un jeune homme de type africain d’apparence sympathique m’aborde. – Vous allez à Abidjan ?- Oui, dis-je. – Mais les guichets sont déjà fermés, poursuit-il. Venez vite avec moi, je vais vous aider. Je découvre plus tard que sa gentillesse n’était pas innocente. Avis au public : Faites donc attention, il y a des margouillats à Charles de Gaule !
Un confrère sma ivoirien
J’arrive par finir toutes les formalités juste 5 minutes avant l’embarquement initialement prévu à 13h05’. Subitement, le panneau lumineux affiche un retard d’une heure pour cause de réparation de l’appareil. J’ai donc couru pour rien ! Aussitôt assis, quelqu’un me touche par le dos. Je me retourne, un confrère sma ivoirien étudiant à Rome, Charles Kouakou Adjoumani. Il se rend à Abidjan, lui aussi. Au fait, en plus de la réparation de l’appareil, tous les passagers en correspondance n’étaient pas encore arrivés, car la foule s’est gonflée de plusieurs éléments supplémentaires.
Embarquement à 14h10 pour un décollage 35 minutes plus tard. A l’arrivée, aéroport Félix Houphouët-Boigny, les formalités se font rapidement. Le service d’hygiène me rappelle que mon vaccin contre la fièvre jaune arrive bientôt à échéance. Pour m’accueillir, Sam, le chauffeur de la Maison régionale, est venue avec un ami. Mme Kinan Marie-Ange, une famille amie à Abidjan, est venue avec sa fille Inès. L’Abbé Antoine Ballo, mon hôte, curé de Soubré, est là aussi avec sa famille : sa sœur, son frère et sa nièce. Je choisis d’aller à Abobo-doumé.
Abidjan vit et bouge
Sur le trajet de nuit entre l’aéroport et la Maison régionale, le constat est sans appel : Abidjan vit et bouge. Elle ressemble à un immense chantier. Plusieurs déviations des routes. Bouchons à tous les carrefours. Feux rouges et policiers pour réguler la circulation. Ça me rappelle ma Kinshasa de l’année dernière. Il ne s’agit pas d’un symptôme des pays qui sortent de plusieurs années d’instabilité. La construction des routes transforme les villes en chantier. À Abidjan, les travaux du 3e pont qui va relier Cocody à Marcory ont commencé.
À la maison régionale
À Abobo-doumé, le Supérieur régional nous accueille avec un beau sourire. Un verre d’eau traditionnel, les nouvelles, puis un repas. À la Maison régionale, plus de téléphone filaire, plus d’Internet. Nous nous fixons rendez-vous le lendemain pour élaborer le programme du séjour et Nous nous séparons dans la paix, nous souhaitant mutuellement une chaude mais paisible nuit.
André N’koy Odimba, sma
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