Le 29 mai dernier, dans les terres arides de la savane menant au Burkina Faso, des événements tragiques ont secoué les villages de Nadouani et Tchinibai. Des militaires nigériens, censés protéger les habitants, ont perpétré des actes de violence, laissant derrière eux une traînée de désolation et de peur. Ce drame met en lumière la souffrance continue du peuple Gourmantché, pris entre les feux croisés de divers groupes armés.
Incendies et Meurtres : La Violence des Militaires
Ce Mercredi, le village de Nadouani, dans la paroisse de Bomoanga, a été le théâtre de violences insensées. Un groupe de militaires nigériens a incendié plusieurs granges, provoquant la terreur parmi les habitants. Plus tard dans la journée, d’autres militaires ont découvert une moto cachée dans une case dans le village de Tchinibai. Après l’avoir brûlée, ils ont assassiné sept paysans qui tissaient des nattes sous un arbre. Ces morts tragiques demeurent invisibles, victimes de ceux qui devraient les protéger.
Le Calvaire sans Fin du Peuple Gourmantché
Installé à la frontière entre le Burkina et le Niger, le peuple Gourmantché subit une persécution constante. Longtemps résistants à l’imposition musulmane, ces habitants ont embrassé le christianisme de manière surprenante. Aujourd’hui, ils sont ciblés par des groupes armés composés principalement de jeunes Peuls, traditionnellement éleveurs de bétail. Le conflit, teinté d’idéologie islamique salafiste, dépasse la simple explication religieuse.
Un Contexte de Transition Politique et de Détérioration des Conditions de Vie
Depuis le coup d’État de fin juillet, les conditions de vie des pauvres se sont encore détériorées. Les éleveurs, agriculteurs, chrétiens et musulmans peuls vivent dans un contexte militarisé où les paysans locaux comptent de moins en moins. Bien que le terme « génocide » puisse sembler exagéré, les événements actuels ressemblent à un processus de disparition culturelle, économique, religieuse et ethnique.
L’Oubli de l’État et la Résilience Chrétienne
Le peuple Gourmantché, longtemps oublié par l’État, voit dans sa composante chrétienne un facteur aggravant de persécution. De nombreux villages frontaliers ont été abandonnés par ces paysans, tandis que des Peuls vivent paisiblement dans ces mêmes localités, protégés par des groupes armés et ignorés par les militaires. Ironiquement, c’est de cette région que proviennent les deux prochains presbytres de l’église de Niamey, dont l’ordination est prévue en septembre prochain. Du calvaire à la résurrection, il ne s’écoule que trois jours dans la savane.
Un Appel à la Vigilance et à la Solidarité
Les tragédies récentes dans les villages de Nadouani et Tchinibai sont un sombre rappel de la vulnérabilité des paysans Gourmantché. Alors que ces communautés continuent de lutter pour leur survie, il est impératif que l’attention internationale se tourne vers leur situation. Seule une solidarité active et une vigilance accrue pourront aider à mettre fin à leur calvaire et à garantir un avenir de paix et de dignité pour tous.
Par Dominic Wabwireh avec l’aimable autorisation de Mauro Armanino et Fides.
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