Déjà notre séjour en Sierra Leone touche à sa fin, nous l’avons prolongé d’un jour pour rencontrer l’évêque du diocèse où travaillent nos confrères.
Ici, il n’y a pas d’électricité, même si une ligne à haute tension passe tout près de la mission. Il est étrange de vivre ces messes matinales à 6h30 alors que le ciel ne s’est pas encore éclairci. Dans l’église, on perçoit des ombres qui se glissent dans les bancs, deux flammèches tremblantes animent l’autel tandis qu’une lampe led éclaire le missel. Tout est dans la pénombre, au fur et à mesure que la messe se déroule, les ombres prennent visages, c’est une petite assemblée formée principalement de jeunes enfants, dont sept orphelins d’Ebola hébergés chez Clément. Nous sortons de la messe, baignés par un soleil levant rougeoyant. On prend le temps de se saluer et de donner la nouvelle de la veille
Clément est un personnage important dans la communauté. Quand est survenu Ébola, il a travaillé de concert avec les Pères SMA. Une petite fille, venait de perdre ses parents tués par le virus, elle-même fiévreuse a été hospitalisée, les analyses ont révélé qu’elle n’avait pas le virus, aussi, une fois guérie, elle n’avait personne pour l’accueillir, sa famille élargie craignant Ébola a refusé de la prendre chez elle. Clément et sa femme l’ont accueillie, ils ont ensuite, reçu chez eux six autres enfants. La petite fille a été baptisée et porte le nom de Clémentine en reconnaissance à son père adoptif.
Hier, nous avons eu l’occasion de filmer ces enfants qui nous ont raconté leur histoire. L’émotion souvent très forte empêchait les mots de sortir, seules quelques larmes donnaient la dimension de la souffrance de ces enfants ayant perdus leur parents et rejetés de leur cercle familial. Chez Clément et sa femme, ils retrouvent la tendresse perdue.
Ce n’est que le 13 décembre que nous avons pu enfin arriver jusqu’à Freetown et descendre jusqu’au vieux warf ou du moins jusqu’au squelette de ce qui fut sans doute pour Mgr de Brésillac le ponton de débarquement, suivi d’un long escalier qui nous conduit au cœur de la ville. Pour filmer vers le port, nous avons dû demander une autorisation, en effet, le port est un lieu stratégique en cas d’invasion d’un ennemi potentiel et c’est accompagner d’un policier que nous avons pu filmer les lambeaux de warf et le curé de la paroisse de waterloo dont dépendent les confrères sma.
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Nous sommes ensuite allés sur la tombe, où fut enterrer Mgr de Brésillac, triste cimetière laissé à l’abandon, les grandes herbes cachent les tombes et les drogués. Depuis que la SMA a fait construire une sorte de caveau avec un toit sur la tombe, les jeunes perdus y viennent se protéger du soleil, Ils étaient plusieurs assis dans cet abri. Ce fut donc pour nous une journée forte et intense, les derniers écrits de Mgr Brésillac sur cette terre qu’il tant désirée nous revenaient à la mémoire. Le temps s’est voulu triste puisque le soleil est resté caché et quelques gouttes éparses mais régulières nous ont accompagnés toute la journée.
Freetown est une ville dispersée sur plusieurs petites montagnes sur les flancs desquelles s’accrochent les maisons, parfois à l’image des favelas pour les quartiers pauvres et d’autre fois de fort belles demeurent avec beaucoup d’espace autour. En centre-ville, les voitures avancent au pas après de longues pauses, vous ne pouvez donner une heure même vague pour un rendez-vous. Les rues ne sont pas larges et souvent mangée en grandes partie par les étals des petits vendeurs.
L’archevêque de Freetown nous a reçus aujourd’hui et nous avons pu l’interroger sur la place de la SMA (une seule communauté de trois prêtres) dans le diocèse et sur le drame d’Ébola avec ses conséquences et l’implication de l’Eglise dans cette situation, nous n’avons pas loin d’une heure d’entretien, ça ne sera pas facile à trier et pas mal de travail à la clef.
De nombreuses organisations apportent une aide totalement désorganisée. Les projets coûtent beaucoup d’argent et n’aboutissement, ils servent à engraisser une ou deux personnes. Un exemple tout près de la mission. J’admirait un beau petit château-d ’eau surmonté de panneau solaire, tout semble neuf. Mais voilà, ça ne fonctionne pas, car durant la construction, en attendant l’arrivée de la pompe, des bâtons ont été jetés dans le forage rendant celui-ci inutilisable. Mais l’organisme qui a dépensé beaucoup d’argent pour ce projet a pu prendre des photos pour justifier toutes ces dépenses. En Afrique, on appelle cela des éléphants blancs, et il y en a plein.
Je vais tenter de vous envoyer ce message ce soir avec une ou deux photos si c’est possible, sinon ce message partira du Liberia. Merci pour vos messages d’encouragement que nous partageons avec nos hôtes. Demain la route sera longue à cause du mauvais état de la route. Il faut paraît-il compter sept heures pour atteindre la frontière près de Foya ou notre confrère nous attend.
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