Dans ce mois en vue d’encourager le dialogue, j’aimerais partager mon expérience dans une association qui me semble prometteuse de partage et de rencontre entres des frères et sœurs des religions diverses.
L’association gamaat al ikhà ad-din (« association des frères de la fraternité religieuse ») est vraiment une école de fraternité dans l’expérience religieuse durant mon séjour en Egypte. Ma rencontre du Père Christian van Nispen Tot Sevenaer m’a beaucoup influencé. Père Van Nispen est un père jésuite, philosophe, théologien et professeur dans le domaine islamique. Il a été à l’origine de cette association. D’ailleurs il a partager son expérience dans son livre Chrétiens et Musulmans: Frères devant Dieu ? (1)
J’ai fais dix ans dans ce mouvement et mon expérience avec eux a été très fructueuse pour mon cheminement dans le dialogue et la rencontre islamo-chrétien.
La fraternité se retrouvait une fois par mois, un vendredi, depuis plus de dix ans pour partager régulièrement les expériences religieuses. La rencontre est loin d’être un simple débat, elle est une réunion d’échange et de partage qui dépasse les conflits personnels. C’est aussi un moment de vivre ensemble, une relation d’amitié et de fraternité. Chemin faisant on a pu dépasser les poids de préjugés, de malentendus, de fixations politiques et sociales. Les membres viennent de partout.
L’association a une vision très pointue et vaste de la qualité du dialogue qui doit régner au sein de ses partages. La rencontre est une opportunité de planifier et de travailler pour la paix. Ceux qui ne planifient pas leur rencontre pour la paix peuvent s’attendre à l’échec.
La rencontre mensuelle se déroule dans une ambiance fraternelle, respectueuse et humble. On ne cherche pas à mettre nos différences au tapis, caché ou encore gommer, effacé la diversité. Au contraire, la causerie cherche à dépasser les différences, les barrières et préjugés pour qu’ensemble on tâtonne dans l’incertitude de nos expériences religieuses avec des peines et souffrances tous à la recherche de la vie avec audace et courage. La vérité humaine dans un esprit bien préparé fait pousser les fleurs même en plein désert et dans les rochers de la haine et de la violence.
Durant cette rencontre, deux approches sont utilisées ; un regard académique, scientifique, rigoureux, culturel, respectueux et l’autre, celle d’amitié de vie souvent au tour d’un repas ou bien une participations dans des cérémonies et fêtes religieuses.
Les nouveaux membres sont souvent invités à se cultiver une certaine connaissance de son histoire et celui des autres. Le participant suit certains attitudes, principes et règlements intérieurs. Les anciennes rencontres et partages lui seront utiles. La discrétion et la maturité sont des outils très utiles pour accueillir l’autre avec son altérité et son message sans suspicion et dans le respect.
Ensuite un élément important pour appartenir au groupe est le fait d’être humble et laisser à chaque tradition religieuse le droit de s’expliquer et d’être vulnérable pour la rencontre de l’autre dans son intégrité pour une vraie rencontre et une compréhension mutuelle. Cette attitude positive devant l’autre personne et sa tradition encourage un lien neutre pour échanger et dialoguer. Encore il faut être investi d’esprit à rechercher continuellement le lien commun pour ces rencontres. Cet aspect nous invite à nous laisser surprendre et questionner par les autres cultures et religions.
En outre le groupe fait des pas d’aventure audacieux au large de nos différences religieuses même quand les ravages des conflits se multiplient. Le groupe cherche toujours à débrousser le terrain pour que chacun voit en l’autre un partenaire et non pas un ennemi. Car au fond, tous les membres se soucient du bonheur de tous.
Mais pour garder toujours les attitudes positives, on revient sur les valeurs qui animent le groupe souvent. On donne aux musulmans et aux chrétiens les espaces pour parler de leurs religions, et aborder certains questions et commentaires sur les événements qui gênaient les autres.
Après les études, les partages sociaux, de récits individuels, le groupe se mobilise pour agir ensemble sur un terrain de justice, de la paix et du développement en solidarité avec les nécessiteux.
Ces activités et partages renforcent les liens entre les membres devant Dieu et l’humanité ; les liens qui nous unis grandissent chaque fois. Cette rencontre favorise le dialogue et le partage mais encore plus important, nos partages renforcent nos liens et ne donnent pas occasion aux djihadistes et aux intégristes de semer le désaccord et la haine. Car nous sommes tous artisans de la paix et du bonheur pour l’humanité.
Quand il y a la volonté, il y aura toujours le chemin.
Par le P. Simon Onoja, SMA
[1]Christian van Nispen tot Sevenaer, Chrétiens &Musulmans, Frère devant Dieu?, Paris, les Editions de l’Atelier, 2004.
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