Dans ces premiers jours de Carême, la Liturgie nous propose des textes où certains mots font partie du bagage qui doit nous accompagner : désert, temps favorable, Parole de Dieu, miséricorde.
Ces mêmes mots nous les retrouvons au début de la Retraite que Mgr de Marion Brésillac a prêché aux prêtres du Vicariat de Pondichéry en 1849. Nous les trouvons, entr’autres, la veille de la Retraite, le 15 janvier au soir, lorsque Brésillac fournit à ses confrères le cadre dans lequel il va la situer.
Désert
Jésus lui-même avant de commencer son ministère, et plusieurs fois durant celui-ci, sent le besoin d’aller à l’écart, de se retirer. Il a besoin de prier, de réfléchir, de prévoir et d’organiser son ministère.
C’est une nécessité qui devrait nous habiter, nous qui sommes pris par tant de choses et qui parfois pouvons risquer d’oublier Celui-là même qui nous a confié notre travail. « Qu’avons-nous de mieux à faire – disait Brésillac – que de nous retirer de temps en temps du monde, pour nous entretenir seul à seul avec Jésus-Christ, lui ouvrir notre cœur, écouter ses conseils, retremper notre âme dans son amour et dans le zèle qu’il nous inspire pour travailler avec courage à l’œuvre qu’il nous confie ? » (Retraite aux missionnaires, Paris 1985, p. 16)
Pendant ce temps où nous allons inviter les chrétiens à trouver un temps pour le Seigneur, nous sommes censés faire de même : « Allons donc à Jésus. À ses côtés, reposons-nous un peu dans le silence du désert » (o.c., p. 17)
Temps favorable
Le Carême c’est un temps favorable pour retrouver notre entente avec le Seigneur : « Il dépend de nous, – dit Brésillac – non seulement de reposer respectueusement la tête sur son sein, à l’exemple du disciple bien-aimé, mais aussi de le recevoir lui-même dans notre propre sein, de nous unir intimement à lui, de manière à ne plus faire qu’un avec lui » (o.c., 16).
En même temps ce sera une occasion pour lui présenter notre vie, notre ministère, avec joies et difficultés. « II est temps – continue le Fondateur – que nous lui rendions compte de notre conduite et de notre prédication. Il écoutera l’histoire de nos succès et de nos revers, il oubliera nos fautes en les pardonnant, il ranimera notre zèle en lui donnant un accroissement de force et de sagesse » (o.c., pp. 17-18).
Parole de Dieu
Un autre rappel de ce temps liturgique c’est l’invitation à intensifier l’écoute de la Parole de Dieu. Là encore notre Fondateur souligne qu’ « il dépend de nous tous, en quelque lieu que nous soyons, d’écouter sa parole authentique consignée dans son divin Testament, d’en saisir le vrai sens dans les enseignements des Pères de l’Église, des Pontifes et de la Tradition » (o.c., p. 16).
Mais surtout, Brésillac souligne qu’une seule parole de l’écriture peut changer notre vie et donc il donne un conseil : « il suffit quelquefois d’une de ces paroles divines pour pénétrer l’âme, la captiver, et la tenir des semaines entières dans l’exercice de la plus active méditation ; permettez-moi de vous donner le conseil de moins chercher à les écouter toutes qu’à bien vous pénétrer d’une seule. Arrêtez-vous à celle qui parlera le plus à votre cœur, et ne la laissez point [jusqu’à ce que Jésus] ne vous ait dit intérieurement sur son objet tout ce qu’il lui plaira de vous dire » (o.c., 20).
Miséricorde
Ensuite, le mot miséricorde assume une grande importance dans la liturgie.
Pendant ce temps, beaucoup d’entre nous suivrons avec plus de sollicitude l’invitation à faire l’expérience de la miséricorde de Dieu à travers le sacrement de la réconciliation.
Encore une fois, celui qui nous est Père dans le chemin de la mission nous invite à cette démarche : « Nous fussions-nous trompés, il excusera notre inexpérience, lui qui connaît parfaitement notre faiblesse et notre incapacité. Fussions-nous même coupables de n’avoir pas suivi les instructions qu’il nous a données autrefois, eussions-nous été jusqu’à suivre une marche opposée à celle qu’il nous avait tracée, il ne nous fera pas de sanglants reproches. […] Que dis-je ? S’en trouvât-il parmi nous – ce qu’à Dieu ne plaise ! – qui n’eussent répondu aux grâces dont ils furent comblés, que par l’infidélité, la transgression formelle des ordres de notre Maître, courage encore et confiance ! Jésus, le bon Jésus, est un Maître qui pardonne et qui oublie l’injure. Il suffit qu’on lui en fasse un humble et sincère aveu, qu’on vienne à lui, le cœur contrit et humilié » (o.c., p. 18).
Bien d’autres mots nous allons entendre pendant ce temps favorable, mais ceux-là sont suffisants pour ne pas laisser passer inutilement ce Carême et pour « nous porter ensemble à faire un pas de plus vers la perfection » et nous aider à « devenir des hommes, des prêtres, des missionnaires nouveaux » (o.c., 19).
Renzo Mandirola, SMA
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