L’Église d’Afrique se prépare à vivre un évènement important de son histoire qui est la célébration du jubilée d’or du SCEAM qui aura lieu en 2019 en Ouganda. En effet, le SCEAM ( Symposium des Conférences Épiscopales d’ Afrique et de Madagascar) fut crée en 1969 en Ouganda. Il est par essence une institution de solidarité pastorale organique.

Sa création répond, dans un premier temps, à l’ appel lancé par le Concile Vatican II aux évêques à vivre l’esprit de Collégialité à tous les niveaux tant sur le plan universel, national, régional que continental. L’ Église d’ Afrique a fait sienne cette vision de collégialité et de communion auxquelles les pères conciliaires furent conviés. C’ est à jute titre que les évêques d’Afrique et de Madagascar ont mis sur pied cette instance de collégialité, qui fut la première au niveau continental du genre dans l’ Église Universelle, et lui a donné le nom de « Symposium ». Même si aujourd’hui, pour des raisons juridiques, nombreux sont les évêques qui voudraient changer la dénomination « Symposium » pour d’ autres approches comme « Conseil », il convient de rappeler que le choix du terme « Symposium » ne relevait pas d’ un pur hasard. En effet, le mot « Symposium » de son sens étymologique signifie « banquet ». Qui dit « banquet » renvoie à un climat de communion, de convivialité, de fraternité, de célébration et de partage. C’ est cet esprit qui a animé les pères fondateurs du SCEAM. Ils rêvaient d’ une Église d’ Afrique unie, pleine de communion et de fraternité, en un mot, ils rêvaient d’ une Église famille. C’ est cette vision d’ Église famille et surtout famille de Dieu, qu’ ils essayeront de vivre à travers le SCEAM dans un esprit de solidarité pastoral organique et qu’ ils célébreront en grande pompe lors du premier synode spécial pour l’ Afrique en 1994 où de manière claire et explicite l’ expression « Église Famille de Dieu » sera présenté aux yeux du monde comme l’ identité de l’Église d’ Afrique. Cependant, qui dit identité, dit mission, mandat. Quel est donc la mission ou le mandat de cette Église « Famille de Dieu » d’ Afrique qu’ incarne le SCEAM ?

Cette mission peut s’articuler à trois niveaux. Primo, les évêques d’Afrique et de Madagascar furent invités par Paul VI à prendre en main le destin de leur Église à travers cette phrase prophétique qui défi les temps et les espaces : « Africain soyez vos propres missionnaires » (Paul VI, Homélie, 31 juillet 1969). L’ heure africaine, le Kaïros africain, a sonné. L’ Église d’ Afrique est maintenant mûre pour voler de ses propres ailes et surtout de prendre à bras le corps le combat qu’ à mener les vaillants missionnaires étrangers surtout européens pour le salut des âmes du peuple Africain. Ceci implique en secondo que les Évêques d’ Afrique et de Madagascar doivent faire sien la construire de l’ Eglise d’ Afrique. Paul VI leur rappelle cette mission en des termes fermes : « Ayez des idées claires et conordantes, et allez de l’ avant méthodiquement et courageusement avec la conscience d’ un grand mandat : Construire l’ Eglise [d’Afrique] » ( Paul VI, Homélie, 31 Juillet, 1969). Une construction qui est à la fois spirituelle et matérielle afin qu’ elle puisse jouer son rôle prophétique au cœur d’ un continent en proie à tant de souffrances. Ainsi, lors du deuxième synode spéciale pour l’ Afrique de 2009, il a été clairement souligné que les évêques d’ Afrique et de Madagascar devraient travailler pour la mise sur pied d’ une Église « Famille de Dieu » au service de la réconciliation, de la justice et de la paix. En effet, les évêques d’ Afrique et de Madagascar, en plus d’ avoir reçu pour mission de prendre en main le destin de leur peuple, de construire cette Église d’ Afrique, sont maintenant, invités à faire de cette Église d’ Afrique un instrument de réconciliation, de justice et de paix. Pour mener à bien leur mission, les Évêques d’ Afrique et de Madagascar ont crée cet organe ( le SCEAM) en vue , d’ unir leur force et dans un esprit de collégialité et de communion, de répondre de manière effective aux attentes du peuple africain qui leur ait confié.

Les grands défis qui attendent les évêques d’ Afrique et de Madagascar dans leur marche vers ce jubilée d’ or est d’ évaluer les deux grandes visions qui furent à la base de la création du SCEAM. 50 ans après, peuvent-ils dire que le SCEAM reste et demeure un organe de solidarité pastoral organique, de collégialité, de communion effective et affective pour l’ Église « Famille de Dieu » d’ Afrique ? 50 ans après, peuvent – ils dire que les Évêques d’ Afrique et de Madagascar unis au sein du SCEAM ont-ils réellement pris en main le destin de l’Église d’ Afrique ? l’ ont- elle tant sur le plan spirituel que matériel construite ? L’ Église d’ Afrique joue t-elle réellement son rôle prophétique d’ instrument de réconciliation, de justice et de paix ? Tant de questions qui restent en suspens et qui seront belles et bien au cœur des débats durant ces trois années qui conduiront à la célébration du jubilée d’or. L’ une des préoccupations majeures restera à savoir quelle attitude et quelle méthodologie adoptée pour une évaluation réussie de ses 50 ans d’existence du SCEAM ? La réponse se trouve peut être dans les paroles prophétiques du Pape François qui invite à « regarder le passé avec reconnaissance » pour affermir sa propre identité, « vivre le présent avec passion » pour vivre l’ évangile avec plénitude et dans un esprit de communion et « embraser l’ avenir avec espérance » afin d’éviter de se laisser gagner par le découragement et le d’espoir face aux difficultés.

P. Donald ZAGORÉ, Sma