Parmi tous les récits de la résurrection qu’il nous est donné d’entendre en ce temps de Pâques, il en est un qui me touche particulière ment par l’ambiance d’intimité qu’il dégage. Alors que la plupart des autres récits sont assez stéréotypés, celui-ci nous raconte une rencontre très personnelle de deux disciples avec le Seigneur.
Voici deux hommes remplis de désillusions qui rentrent à la maison après l’échec apparent de Jésus. Ils sont tellement envahis par leur déception qu’ils sont incapables de reconnaître Jésus qui les rejoint sur le chemin. Mais ils sont à l’écoute et peu à peu leur cœur devient tout brûlant d’espoir. Et finalement leurs yeux s’ouvrent quand Jésus rompt le pain au cours du repas nocturne. Leur nuit intérieure est soudain éclairée par cette révélation inattendue.

Quelque part, nous sommes tous des pèlerins d’Emmaüs. Notre vie de missionnaires est bien une vie de ‘vagabonds’ de l’Évangile, au sens propre comme au sens figuré. Combien de fois n’avons-nous pas été bloqués sur les mauvaises pistes que nous avions à affronter ? Combien de fois n’avons-nous pas eu à nous poser des questions sur ‘l’efficacité’ de notre travail alors que nous avions l’impression de prêcher dans le désert ? Certains, parmi nous, sont encore sur le terrain pour annoncer la Bonne Nouvelle à ceux qui ne l’ont pas encore entendue. D’autres, les plus nombreux, assurent un service dans l’administration de la SMA ou cheminent sur la route du grand âge. Mais l’essentiel est que nous demeurions tous en route et que nous soyons à l’écoute du Maître qui marche à nos côtés.

Les historiens n’ont pas réussi à situer avec certitude le village d’Emmaüs : ne serait-ce pas le signe qu’au fond chacun a son chemin d’Emmaüs, avec son histoire personnelle, son itinéraire, ses qualités et ses défauts, ses espoirs et ses désillusions ?
Quelle que soit notre situation, l’aventure de la mission continue, éclairée par la Parole et nourrie par le pain rompu qui fortifient notre communion au même Seigneur. C’est ce que nous dit une des hymnes qu’il nous est donné de chanter en ce temps pascal :

Père Alain Derbier, sma