Le vendredi 24 janvier, Pierre Trichet a présenté « Mgr de Brésillac vu par ses confrères ». Si nous connaissons bien les lettres écrites par Mgr de Brésillac, ou encore celles qu’il a reçues, nous ne connaissons pas encore les « remarques sur Brésillac » que ses confrères faisaient, à son sujet, dans leurs lettres.

Deux mois après que M. de Brésillac ait débarqué à Pondichéry, Mgr Bonnand écrit à Paris : « M. de Brésillac a la tête bien chaude », ce qui veut dire, dans le français de l’époque : il a un tempérament bien impulsif, il s’emporte vite. Un jour où M. de Brésillac, découragé par les difficultés qu’il rencontre dans sa gestion du séminaire de Pondichéry, annonce qu’il va en informer Paris, M. de Kérizouët veut mettre en garde les membres du Conseil de Paris pour qu’ils ne soient pas bouleversés par la description qu’ils vont recevoir. Il leur écrit : « Ne le croyez pas à la lettre ; vous savez qu’il est Gascon, or un Gascon dit toujours beaucoup plus qu’il n’en pense. Pour tout dire cependant, il est un peu mécontent, et peut-être en a-t-il quelque sujet. » Les Gascons (c’est une ethnie française), comme les Méridionaux, passent pour des gens qui exagèrent et majorent leurs affirmations. Une « promesse de Gascon », c’est une promesse excessive, qui ne sera sans doute pas tenue. Lorsque M. de Brésillac est désigné par Rome pour devenir évêque, Mgr Charbonnaux écrit à Paris : « C’est du bois pour faire un évêque, mais il est encore trop vert », c’est-à-dire qu’il a les qualités voulue pour ce poste, mais qu’il est trop jeune et manquant d’expérience et de solidité.

Quand Mgr de Brésillac commence à gouverner son pro-vicariat, M. Laouënan admire la manière dont il associe ses prêtres à la marche de son domaine : « A la suite de la retraite, une assemblée générale a eu lieu. On y a réglé les occupations de chacun pendant l’année qui va s’écouler. Les missionnaires sont électrisés. » De même, Mgr de Brésillac a promis de mettre ses prêtres au courant de l’état des finances de sa procure… et un prêtre du vicariat de Pondichéry va s’emparer de cette promesse pour faire pression sur Mgr Bonnand pour amener celui-ci à faire de même. Mais Mgr de Brésillac n’avait que 9 confrères dans son pro-vicariat, et Mgr Bonnand en avait 32 : un grand navire est plus difficile à gérer qu’une petite barque !

Durant l’échange qui a suivi, un assistant a fait remarquer que Mgr de Brésillac recommandait souvent, dans ses écrits, la patience. Probablement parce que qu’il sentait qu’il en manquait ! Il était le premier destinataire de sa recommandation ! 

Francis Rozario