Dans le cadre de l’année Brésillac, les membres de la communauté SMA de Rome (Via della Nocetta) se sont rassemblés, le 19 mars, autour du P. Renzo Mandirola, qui leur a présenté un exposé intitulé « Brésillac : l’Église et la mission ».
L’intervenant a rappelé que Brésillac avait, très tôt, exprimé quelles étaient ses priorités pastorales : c’était à la fin du dernier repas qu’il a pris, aux Missions Étrangères, juste avant son départ pour l’Inde. Dans un discours qu’il a improvisé, il a déclaré qu’il comptait insister sur deux points : la conversion des non chrétiens et la formation d’un clergé local.
Quand il sera devenu vicaire apostolique de Coimbatour, il dira que, sur ses douze missionnaires, il voulait que deux d’entre eux soient consacrés à plein temps à prêcher la foi chrétienne aux non chrétiens. Et il invitait fortement tous ses prêtres à réserver une partie de leur temps pour le mettre au service de ces mêmes non chrétiens.
Si on travaille à faire entrer des non chrétiens dans l’Église, ce n’est pas d’abord pour augmenter le nombre des membre de l’Église, mais pour introduire en elle du sang neuf, qui va réveiller le zèle et la générosité des chrétiens plus anciens. Les nouveaux baptisés rayonnent d’une foi émerveillée.
Inculturation
Mgr de Brésillac ne parlait pas d’inculturation (le mot n’était pas encore inventé), mais il y était très sensible : un même arbre, planté dans des pays différents, y produira des fruits qui auront des saveurs différentes, disait-il. Il ne faut pas étouffer la diversité, mais plutôt s’en réjouir : elle enrichit l’ensemble de l’Église. Il est normal que les Indiens aient une manière indienne de vivre le christianisme : les missionnaires doivent se garder d’imposer un christianisme vécu à la manière française ou portugaise, rappelait-il.
Une Église ouverte à l’avenir
Mgr de Brésillac conciliait l’amour de la vérité et le respect des personnes : « Je combats les idées que je crois fausses, mais je vénère ceux qui ne pensent pas comme moi », disait-il. Il admettait la diversité des opinions : du fait que l’Église constitue un corps, tout ce qu’un membre fait ou apporte enrichit tout le corps. Il voulait une Église ouverte à l’avenir : « que de choses on déclare impossibles ! Alors qu’on n’a tout simplement pas pris les moyens de rendre ces choses possibles ! »
Chaque chrétien assume ses responsabilités
Il voulait construire une Église dans laquelle chaque chrétien assume ses responsabilités. En conséquence, il rappelait que les laïcs ne devaient pas tout attendre des prêtres. Il s’attristait quand il entendait des chrétiens indiens lui dire : « Envoyez-nous des missionnaires européens qui vont nous aider, alors que nos prêtres indiens attendent qu’on les aide ». Il a réfléchi à la question des fonds nécessaires pour faire vivre le clergé local et assurer le fonctionnement de l’Église locale.
Il a voulu qu’on lance rapidement la formation d’un clergé local : dans l’Église primitive, quand Paul quittait une localité, il laissait derrière lui un évêque entouré de prêtres. Sans un clergé local, on ne fera rien de solide ni de durable. Il répondait aux objections : si on donne aux prêtres indiens une formation solide, cela va les rendre arrogants et leur faire perdre l’humilité. Ou encore : ils n’ont pas les qualités nécessaires. Il disait : vouloir un clergé parfait, c’est ne pas vouloir de clergé !
Tourné vers le rayonnement missionnaire
Les participants ont ensuite réagi : la diversité ne fait pas toujours bon ménage avec l’union au sein d’un groupe. Il n’est pas facile d’encourager la diversité et d’assurer la cohésion de l’ensemble. – Les paroisses tenues par les SMA en Afrique ne doivent pas être des « copier-coller » de celles qui sont tenues pas le clergé local. Quelle différence devons-nous attendre entre ces deux types de paroisses ? Les paroisses SMA devront tourner leurs paroissiens vers le rayonnement missionnaire : rappeler à leurs paroissiens que leur comportement doit donner envie de devenir chrétien. « La paroisse de Port-Bouët, en banlieue d’Abidjan, que j’ai connue il y a vingt ans, me paraissait une réussite parce qu’elle était tournée vers les non chrétiens. Elle avait créé des services qu’elle mettait à la disposition de tous, donc même des non chrétiens : une radio, un hôpital… » En cela on rejoint ce que le pape François nous prêche : allez aux périphéries. – Les SMA ont-ils tous lu et assimilé les priorités adoptées lors de la dernière Assemblée générale et lors de l’Assemblée de leur Province ou District ?
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