Crédit photo : Daniel Tibi –
Le message du pape François pour la 98ème Journée missionnaire mondiale rappelle la parabole du banquet de noces dans laquelle le roi dit à ses serviteurs de sortir, d’aller dans les rues et d’inviter tous ceux et celles qu’ils trouvent au banquet de noces. Telle est la mission de l’Église : tendre la main inlassablement à chacun pour l’inviter à la rencontre de Dieu et à la communion avec Lui. Et c’est une tâche qui requiert l’engagement de chaque baptisé. La mission implique une certaine urgence, mais elle doit être faite avec respect et bienveillance, avec joie et magnanimité… tous fruits du Saint-Esprit.
L’urgence de prêcher l’Évangile, d’orienter le cœur de l’homme vers la vie au-delà, donne aussi à la mission une forte dimension eschatologique : elle est l’invitation au banquet du ciel déjà anticipé dans le banquet eucharistique. Ici est mis en exergue l’orientation active et extérieure de la mission apostolique de l’Église. Quoique la mission ne se limite pas uniquement à l’action visible sur le terrain.
En d’autres termes, cette mission ne dépend pas uniquement d’une action extérieure. L’action intérieure est tout aussi indispensable. Une réalité qui peut sembler difficile à saisir, surtout dans une société où l’action est exaltée.
Comment comprendre donc, dans une telle société, sujette à l’action, la valeur de la vie monastique et son apport à la mission? Pourquoi « s’enfermer » entre quatre murs alors que le monde a besoin de bras qui apportent une aide concrète à de nombreuses personnes défavorisées ?
Une réponse nous vient d’une personne surprenante : patronne des missions, avec le missionnaire Saint François Xavier, sainte Thérèse de Lisieux, carmélite aux pieds nus, décédée à seulement 24 ans, qui comme nous le savons, n’a jamais mis les pieds sur les lieux des missions. Pourtant, son « ardeur et son zèle pour répandre la foi » ont été essentiels à son rôle.
Pourquoi les missionnaires ont-ils demandé au Pape Pie XI de lui attibuer le titre de patronne des missions? Cela est précisément dû à l’élan apostolique de la vie contemplative de la jeune moniale cloîtrée, qui « brûlait d’ardeur et zèle pour que la foi se répande » (Decr. Apostolicorum In missionaribus de la Sacrée Congrégation de Rites, 14 décembre 1927).
Les écrits de sainte Thérèse de Lisieux sont parsemés d’expressions qui le démontrent.
Dans les lettres aux missionnaires qui lui avaient été confiés comme frères spirituel, apparaît le rôle absolument « actif » que la sainte assignait à la prière.
Elle y soulignait le caractère indispensable de la prière, comparant son soutien contemplatif à celui de Moïse levant les mains en prière pendant la bataille de Réphidim. On l’a voit écrire au P. Adolphe Roulland, missionnaire en Chine: « Comme Josué, vous combattez dans la plaine. Et moi, je suis votre petit Moïse et mon cœur est sans cesse tourné vers le Ciel pour obtenir la victoire » (Lettre 201, 1er novembre 1896). Ici la sainte se réfère à l’épisode biblique dans lequel le sort de la bataille entre les Amalécites et les Israélites dirigés par Josué dépendent directement de la prière de Moïse (Ex 17,8-13).
Aussi, peu avant sa mort, elle écrivait au Père Maurice Bellière, missionnaire au Malawi : « Je vous promets de rester là-haut aussi, votre petite sœur. […] Nos rôles resteront les mêmes : à vous les armes apostoliques, à moi la prière et l’amour » (Lettre 220, 24 février 1897).
La mission de l’Eglise est donc un « travail d’équipe », qui associe le travail apostolique actif des missionnaires à la prière contemplative de celles et ceux qui, comme sainte Thérèse, sont essentiels à l’efficacité de la mission, chacun contribuant de manière unique mais tout aussi importante à l’action missionnaire.
C’est dans cet esprit d’équipe que nous, SMA, sommes soutenus dans notre élan missionnaire de façon particulière par la prière de l’ordre de la Chartreuse.
Le frère Anselme Marie, alors prieur de la Chartreuse écrivait à ce propos le 8 Mars 1889 :
« Frère Anselme Marie, prieur de la chartreuse et ministre général de tout l’ordre des chartreux, au très révérend père A. planque, directeur, ainsi qu’à tous les étudiants de la société des missions africaines, et aux sœurs de la même congrégation.
Salutations dans le seigneur,
Voulant donner suite, par une faveur particulière, à l’affection singulière et au pieux dévouement de votre Société envers notre Ordre, par lesquels vous désirez être associés à nos prières et à nos mérites, quels qu’ils soient, et désireux à notre tour de participer à vos prières et à vos activités parmi les nations, volontiers nous vous accordons, par les présentes lettres, une participation permanente et pleine à toutes les messes, prières, veillées, jeûnes, aumônes et autres bonnes œuvres et pratiques qui, avec l’aide de Dieu, sont vécues dans notre Ordre.
En plus, lorsque nous aurons été informés du décès de chacun de vôtres, nous offrirons les habituels suffrages pour chacun d’eux. »
Ces éléments rappellent que la mission, même si elle prend différentes formes, est avant tout une œuvre collective de l’Église, où chaque contribution, qu’elle soit contemplative ou active, participe à l’accomplissement du plan divin.
Brice Ulrich AFFERI







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