Le linceul de l’oubli aurait pu tout occulter, comme la marée efface les traces sur le sable. Pourtant, trente ans après avoir quitté leurs terres, les représentants de la paroisse de Tankessé (C.I.), mon premier lieu de mission, me remirent un tableau représentant le prêtre portant sur ses bras, comme posés sur son cœur, l’église paroissiale, le Collège Père-Hubert et l’hôpital à base communautaire dont j’avais pris l’initiative de la construction. Des traces vives demeuraient donc inscrites au cœur de leur vie et de leur mémoire. Je voudrais qu’en retour, le peuple agni-bona s’aperçoive à travers ces pages combien il m’a profondément humanisé et évangélisé, en somme, comment il m’a ré-enfanté par la résistance du réel et de la sagesse hospitalière dont il fit preuve à mon égard. C’est donc l’AUTRE, sous tous ses aspects, qui a patiemment construit en moi un parcours missionnaire et humain singulier. Puisse cette trajectoire existentielle et croyante enrichir de l’inattendu de l’Esprit l’Eglise, la Société missionnaire et les protagonistes de l’aventure.